Une semaine pour "lier la parole aux actes"
On connait l'importance d'une pratique sportive régulière, à tout moment de la vie. Elle est régulièrement vantée, par les médecins mais aussi par les responsables politiques. Le sport est bénéfique. Il contribue à se forger un corps sain et prévient certaines pathologies chroniques, dont le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore l'obésité (les fameux "facteurs de comorbidité" qui, jumelés à la Covid-19, peuvent se révéler fatals).Or, l'habitude de bouger, cela s'apprend dès l'école, via les cours d'EPS (éducation physique et sportive)... à condition que les moyens matériels, logistiques et humains nécessaires soient mis en place, dans le cadre des politiques gouvernementales et territoriales.
Le SNEP-FSU (le Syndicat national de l'éducation physique, affilié à la Fédération syndicale unitaire) estime que l'on est loin du compte, en particulier en Guadeloupe.
La Semaine nationale de l'EPS, du 7 au 11 décembre 2020, vise justement à ouvrir le débat sur le sport scolaire, dans son environnement.
Inciter au sport de masse dès le plus jeune âge
Outre ses indéniables bienfaits sur la santé, le sport scolaire est synonyme de développement des habiletés motrices, il permet aux élèves de découvrir des disciplines diverses et les compétences qui y sont liées.Mais pour que la Guadeloupe soit (reste) une "Terre de champions" (slogan de la Région Guadeloupe), l'école guadeloupéenne a la responsabilité de bâtir une "Terre de sport", via l'émergence d'une pratique physique et sportive de masse, estiment les acteurs du SNEP-FSU.
C'est là où le bât blesse : au fil des années, la place accordée à l'EPS, au sein de l'académie de la Guadeloupe, semble s'amenuiser.
Cette matière a disparu de la liste des épreuves de certification des professeurs des écoles.
Les instances rectorales seraient moins regardantes sur le niveau des enseignants et sur leur nombre, selon le syndicat.
36% des établissements du second degré de l'archipel n'avaient pas suffisamment de professeurs dédiés, à la rentrée 2020.
Les enseignants du premier degré sont aussi bien moins formés, dans ce domaine.
Des enseignants contractuels sont lâchés dans l'arène, avant d'avoir achevé leur formation.
Pour Emmanuel Roublot, le sport est globalement en perte de vitesse, sur le territoire et cela a plusieurs conséquences. Le secrétaire académique SNEP-FSU Guadeloupe, répond à Colette Borda :Depuis deux ans, l'abaissement du niveau de formation des enseignants dispensant cette matière est à l'oeuvre (...)
Le SNEP-FSU Guadeloupe dénonce cette vision rétrograde du sport et de l'éducation physique, qui vise avant tout à faire des économies.
Emmanuel Roublot prône la pratique sportive de masse
Le point principal sur lequel le SNEP-FSU souhaite être entendu, est clair :
Nous, ce qu'on demande c'est deux séances de deux heures, avec nos élèves, de la maternelle à l'université. On veut générer chez eux un habitus de sportif. Pas de champions, mais de sportifs. Il faut que régulièrement, on leur donne cette bonne habitude d'avoir deux bonnes séances de pratique physique encadrées, à l'école
Enfin, le SNEP-FSU rappelle que le rectorat, en s'appuyant sur les enseignants en éducation physique et sportive, dispose de deux leviers, pour contribuer à l'émergence de talents, dans le milieu du sport : l'UNSS et les sections sportives, qui sont des passerelles vers le sport en fédération.
Trop peu d'installations sportives en Guadeloupe
800 : c'est le nombre d'infrastructures sportives qu'il faudrait créer, en Guadeloupe, pour arriver au taux d'équipement existant en France hexagonale.L'égalité n'est donc pas de mise, sur tout le territoire national, souligne Emmanuel Roublot, secrétaire académique SNEP-FSU Guadeloupe.La Guadeloupe compte 3 équipements sportifs pour 1000 habitants, pendant que la moyenne nationale est de 5 pour 1000 habitants (...).
Le chantier est gigantesque et, pendant ce temps, l'offre de pratique physique et sportive est fortement contrainte.
Selon un rapport réalisé par le syndicat, en 2015, 80% des établissements scolaires n'avaient pas d'installations sportives satisfaisantes.
Les tant attendus terrains, stades, piscines, salles, matériels et autres vestiaires doivent profiter aux élèves et à leurs 300 professeurs d'EPS et aux près de 3000 professeurs des écoles de Guadeloupe.
Le cahier des charges est lourd, car ces moyens doivent répondre à plusieurs critères. Ils doivent être, notamment :
- positionnés dans les établissements scolaires, ou à proximité immédiate ;
- fonctionnels et polyvalents ;
- couverts (prise en compte des intempéries).
Une politique concertée
Les équipements nécessaires (que nous venons d'évoquer) pourraient parfaitement être mutualisés et bénéficier aux scolaires, aux fédérations et aux associations sportives, comme le préconise le SNEP-FSU. Les infrastructures construites pour les uns, pourraient être utilisées par les autres ; tout est une question de conception des espaces et des accès.Cette optimisation dépend des politiques académique et territoriales
(Ré)organiser l'offre, en matière de sport, en Guadeloupe, ne peut se faire que dans la synergie, entre de multiples acteurs, dont le Rectorat, la Région (gestionnaire des lycées), le Département (gestionnaire des collèges), les communes (gestionnaires des maternelles et écoles élémentaires), le gouvernement (pour des contributions financières via différents plans).
Seulement voilà, organisation, concertation et synchronisation font défaut, actuellement, selon le Syndicat national de l'éducation physique.
Dans les autres académies, il existe des commissions tripartites "chef d'établissement/Rectorat/collectivité". Un système qui a du mal à perdurer localement, mais que le SNEP-FSU appelle de ses voeux.