Le chef de l'Etat avait lancé cette collecte "pour mobiliser 200 millions d'euros sur quatre ans" à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, afin d'aider les petites communes de moins de 10 000 habitants et de moins de 20.000 habitants en Outre-mer à préserver leurs édifices religieux.
Parmi les 100 édifices lauréats, dont la liste est publiée sur le site de la Fondation du patrimoine à laquelle ont été confiées la collecte et la sélection des édifices, "près de 50% sont situés dans des communes de moins de 1 000 habitants, 60% ne sont pas protégés au titre des monuments historiques et 55% sont fermés au public ou en péril", précise le ministère dans un communiqué.
"Le besoin de financement pour sauver ces 100 édifices est de 15 millions d'euros. À ce jour, 2,3 millions d'euros ont été collectés auprès de 12.000 donateurs. La collecte se poursuit donc sur le site de la Fondation du patrimoine pour collecter les 12,7 millions d'euros manquants", ajoute le ministère.
Sur l'ensemble du territoire national, "5 000 édifices religieux - sur environ 50 000 lieux de culte recensés - sont dans un état sanitaire qui fait craindre pour leur pérennité et nécessitent une intervention urgente", poursuit-il.
Pour financer ces travaux, la collecte nationale pour le patrimoine religieux bénéficie d'un "taux de déduction fiscale renforcé pour les particuliers de 75% jusqu'à 1 000 euros, à l'instar de la souscription pour la cathédrale Notre-Dame de Paris", rappelle-t-il.
Organisatrice de cette souscription, la Fondation du patrimoine avait précisé en septembre qu'elle sélectionnerait les projets "en fonction de l'intérêt patrimonial de l'édifice, l'urgence et aussi la question de l'usage qui doit s'ouvrir aux concerts, expositions, conférences".
Une église au style art déco à la Ali Tur
Un site religieux a été retenu en Guadeloupe, pour cette édition. Il s'agit de l'église de la Sainte-Trinité de Lamentin. Un lieu de culte reconstruit à partir de 1931, sur les bases de l'ancien édifice détruit lors de l'ouragan Okeechobee de septembre 1928. Le chantier est mené par l'architecte Ali Tur, qui réalise plus d'une centaine de bâtiments civils et religieux sur l'île après les destructions dues au cyclone. L'architecte a reconstruit la façade de l'église selon le plan de l'édifice original mais en utilisant le béton armé. Matériau de prédilection de l'époque, il est notamment utilisé pour la voûte en berceau et la charpente du toit bombé ainsi que pour les deux clochers qui encadrent l'édifice.
Cas unique en Guadeloupe, l'église est intégrée à un ensemble urbain complet dans le style Art Déco réalisé par Ali Tur, qui comprend également la mairie, l'école, le tribunal et un presbytère organisés autour d'un vaste square central.
L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 2009, puis classé par arrêté du 8 juin 2017.
Un édifice qui a souffert du temps et des aléas climatiques
L’église de la Sainte-Trinité présente des dommages qui nuisent à la sécurité des occupants, des visiteurs et à la pérennité du bâtiment. La ville a décidé d'entreprendre des travaux d'urgence afin de mettre en sécurité l'édifice et de procéder à sa restauration.
Les fréquentes intempéries provoquent à chaque passage davantage d’infiltrations d’eau et fragilisent les structures du bâtiment. Des dégâts liés au défaut d'étanchéité de la toiture et des maçonneries sont visibles sur les plafonds et les murs intérieurs de l'église. Des morceaux des faux-plafonds se décrochent, des fissures et des éclatements de béton sont également visibles sur les plafonds, les poutres et les murs.
D'autres lauréats en Outre-mer
Trois autres sites sont également lauréats en Outre-mer. En Martinique, la Chapelle de l’ancien hôpital des Trois-Îlets a été sélectionnée. L'église Saint-Dominique de Roura, en Guyane, a également été choisie. Enfin, à La Réunion, c'est l'église Notre-Dame-des-Laves de Sainte-Rose qui sera rénovée.
Chacun peut faire un don afin d'aider ces projets à se réaliser.