Recherche places de prison désespérément !
Malgré l’alerte lancée par l’organisation syndicale UFAP-UNSa Justice, le 18 septembre dernier, l’administration semble ignorer la gravité de ses demandes, visant à réduire la surpopulation carcérale au Centre Pénitentiaire de Fonds Sarail, à Baie-Mahault.
Le déficit de places, face au nombre de personnes envoyées par la justice derrière les barreaux, est devenu critique. Les conséquences de cette situation sont nombreuses : conditions indignes d’incarcération, promiscuité, tensions et actes de violence entre détenus et envers le personnel pénitentiaire. L’établissement baie-mahaultien est au bord du chaos, estime le syndicat. Il considère aussi que le personnel est mis à rude épreuve ; les conditions de travail, sur place, sont de plus en plus difficiles.
Un majeur incarcéré chez les mineurs
Pour les militants syndicaux, un pas a été franchi le week-end dernier, puisqu’un détenu majeur a été placé au quartier des mineurs.
Dans ce contexte, à tout moment, l’intégrité physique des surveillants pénitentiaires peut-être menacée, par des détenus au profil dangereux, explique la secrétaire locale UFAP-UNSa Justice au Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault.
On vient affecter un majeur dans ce quartier des mineurs, ce qui va rendre le travail des agents qui travaillent dans ce secteur un peu plus compliqué. Effectivement, il va falloir s’assurer qu’une séparation soit mise en place, alors qu’ils sont dans le même quartier. Le centre pénitentiaire est archiplein. Il n’y a plus d’espace, plus d’endroit, on ne sait plus où mettre les personnes détenues qui arrivent.
Karine Preteriens, secrétaire locale UFAP-UNSa Justice, au Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault
Le quartier des femmes est, à ce jour, le seul lieu où de la place reste disponible. L’UFAP UNSa Justice craint donc qu’après le mélange des générations, des hommes y soient affectés à l’avenir.
On se pose la question quant à une détention mixte, demain. Cette promiscuité engendre de la violence (...). Quand vous partagez une cellule dans laquelle vous êtes censés être 6 et que vous êtes 13, on se doute bien que tout le monde ne s’entend pas, les personnes n’ont pas forcément d’affinité. Ça crée des tensions.
Karine Preteriens, secrétaire locale UFAP-UNSa Justice, au Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault
Des solutions à la surpopulation carcérales attendues
La surpopulation carcérale n’est pas un problème propre à la Guadeloupe. Il concerne toute la France. Le pays figure parmi les mauvais élèves en Europe, en la matière.
À l’échelle nationale, au 1er octobre 2024, la densité carcérale était de 127,9%. Elle atteignait les 155% en maison d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement (donc présumés innocents) et ceux condamnés à de courtes peines, peut-on lire dans un article de France Info.
Le centre pénitentiaire de Baie-Mahault compte un effectif de 722 personnes incarcérées, pour 470 places. Le taux de surpopulation carcérale dépasse les 240% au sein du quartier de la Maison d’Arrêt Homme ; 140 matelas y sont au sol.
C’est pourquoi en Guadeloupe, UFAP-UNSa Justice appelle les différents acteurs à se réunir, pour trouver des solutions pérennes et "alléger la détention".
On n’est pas à l’abri d’un loupé. Qui sera responsable si, demain matin, il y a un loupé lors d’une affectation ?
Karine Preteriens, secrétaire locale UFAP-UNSa Justice, au Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault
Si aucune réponse n’est apportée à cette urgence, l’UFAP UNSa Justice n’exclue pas l’idée d’une nouvelle mobilisation, comme il y a en a déjà eu, ces derniers mois.