La rencontre aura été très brève ce lundi matin entre le ministre et les quatre représentants du Collectif. Quatre parce que cette fois encore, il s'agissait avant tout de signifier à Sébastien Lecornu le cadre souhaité par eux pour mener d'éventuelles négociations. Puisque, leur souhait demeure d'être tous présents pour mener ces discussions avec le ministre sur les points qu'ils sont allés lui rappeler.
En face, Sébastien Lecornu est resté sur ses positions de principe, attendant du Collectif qu'il condamne tous les actes de violence qui ont eu cours dans l'Archipel depuis le début de la crise.
Communiqué du ministre des Outre-mer
Mais ses interlocuteurs ne comptaient pas discuter. Ils voulaient uniquement lui rappeler leurs revendications
Maïté M'Toumo représentante du Collectif
Ce qui coince
En réalité, si l'on reprend l'appelation du Collectif, sa raison d'être première est de lutter contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire. Point de départ du mouvement, ce motif aura surtout été une porte ouverte sur une plate-forme de revendications beaucoup plus amples, avec pas moins de 32 points.
Plate-forme de revendications du Collectif
Or précisément, la plupart de ces points relève de la responsabilité des collectivités locales. Seule la question liée à l'obligation vaccinale dépend de l'Etat. Dans le second point de sa plate-forme, le Collectif demande rien moins que l'abrogation de cette loi. Mais, fondée dans une loi pour une République une et indivisible, la gestion de la crise sanitaire voulue par l'Etat s'applique de la même manière sur tout le territoire. En le rappelant dès son arrivée, le ministre a cependant ouvert des possibilités de discussions directes avec les soignants réfractaires à la vaccination et avec les pompiers.
Sébastien Lecornu ministre des Outre-mer
De fait, en faisant entrer sur sa plate-forme tous les points portés par les organisations qui le composent, le Collectif avait d'autres motivations que le seul réglement de la question sanitaire des soignants. Plus encore, en élaborant cette plate-forme, le Collectif cherche à mettre en évidence deux principes parallèles : l'incapacité des collectivités locales à assumer toutes leurs responsabilités et de fait souligner la notoriété ou l'utilité du LKP pour régler les problèmes de la Guadeloupe.
C'est probablement la raison pour laquelle Sébastien Lecornu estime ne pas avoir à prolonger des discussions en Guadeloupe qui ne relèvent pas des compétences de l'Etat. Raison aussi pour laquelle il prône des discussions sectorielles pour que les niveaux de compétences soient clairement identifiés et que les réponses soient données selon ces niveaux.
Une statégie qui ne peut convenir au LKP refondu au sein du Collectif des organisations en lutte. Les discussions sectorielles ne lui permettraient pas de garder la main sur cette multiplicité de domaines qui ne concernerait alors que les syndicats intéressés et pas le Collectif en tant que tel.
Les élus, médiateurs par excellence pour ouvrir des négociations
De fait, au milieu de cette guerre des nerfs ou la position du ministre et celle du Collectif ne peuvent pas se rejoindre et risque d'évoluer vers une intensification du mouvement, la clé de sortie de crise se trouve peut-être entre les mains des élus de la Guadeloupe.
En premier lieu parce qu'il est de leur intérêt de faire valoir leur rôle dans les attentes du Collectif pour que ce dernier ne les mette pas sur la touche, et ne cherche pas à discuter directement avec l'Etat sur leur champ de compétence.
Ensuite, parce que l'aggravation de la situation pourrait avoir de lourdes conséquences pour la Guadeloupe ; des conséquences qu'il leur reviendra ensuite d'assumer. Or, selon le principe "mieux vaut prévenir que guérir", les élus qui ont manifesté leur volonté de prendre toute leur part dans le réglement de cette crise et qui le font désormais d'une seule voix, ont tout à gagner de jouer un tel rôle. Et bien qu'ils aient renvoyé à des temps meilleurs la question de la "domiciliation des pouvoirs", ils pourront déjà démontrer leur plein engagement pour y parvenir en réussissant à mettre un terme au conflit actuel.