L'ivermectine, une molécule controversée et même déconseillée

L’ivermectine n’a pas permis de juguler l’épidémie de Covid en trois semaines en Inde. Après les Etats-Unis qui déconseillaient fortement l’usage de cet anti parasitaire vétérinaire qui, à haute dose, peut même être toxique, c’est au tour de l’Inde de revoir son jugement…

L'an dernier, alors que le Dr. Henri Joseph annonce la découverte de la molécule d'herbe à pic qui pourrait entrer dans la composition d'un traitement contre la Covid 19, le président malgache affiche son remède miracle obtenu à partir du principe actif de plantes médicinales locales, l'artémisia et le ravintsara. 

Mais sa formule est vite dépassée par une molécule que d'aucun estime alors être la vraie solution pour se prémunir contre la Covid 19, l'ivermectine. Une molécule jusque là utilisée notamment comme médicament prescrit pour lutter contre des maladies, comme la gale. Antiparasitaire, à usage d’abord vétérinaire puis humain, il a également été utilisé dans la prévention du paludisme, ou dans le traitement contre les poux. Il a été commercialisé à la fin des années 1970 par le laboratoire américain Merck sous le nom Stromectol, et d’autres sociétés le fabriquent depuis les années 1990. 
 

Et très tôt, dans la lutte contre la Covid 19, l'ivermectine trouve ses partisans, et non des moindres. Certains vont jusqu'à citer un article de l'Institut Pasteur qui aurait reconnu son efficacité en la matière. En réalité, l'article était ainsi libéllé : 

« Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur ont étudié en laboratoire l’impact d’une molécule, l’ivermectine, sur les symptômes cliniques de la Covid-19 dans un modèle animal. […] [Ils] ont montré que la prise de ce médicament à des doses standards permet de réduire dans un modèle animal les symptômes et la gravité de l’infection au SARS-CoV-2 »

Ce résumé de l’étude menée par ses chercheurs met tout simplement en avant certaines vertus limitées de cet antiparasitaire chez… des hamsters.
Une précision que l'Institut Pasteur s'est empressé de donner, ce qui n'a pas empêché les partisans de la molécule, au nombre desquels des scientifiques, de la considérer comme efficace pour lutter contre la Covid 19.

En Guadeloupe aussi, certains médecins prescrivent l'ivermectine à leurs patients qui, pour certains, lui attribuent les raisons de leur guérison.

Un propos qui, cependant minimise l'action des corticoïdes mentionnés sur la prescription et administrés avec l’ivermectine, un traitement essentiellement antiparasitaire. Et on les médecins savent que, les doses d'ivermectine pour les utilisations approuvées (dans le traitement de certains vers parasites) peuvent interagir avec d'autres médicaments, comme les anticoagulants.

L’Inde renonce à l’Ivermectine 


Tout comme le Pérou et encore bien d’autres pays au Monde, l’Inde a retiré le médicament de son protocole médical Anti Covid. Il fait toujours l’objet d’étude pas encore prouvé scientifiquement à ce stade

L’inflexion de la courbe est apparue en Inde au moment des mesures de confinement et de couvre-feu, avant donc l’ajout de l’Ivermectine dans les médicaments recommandés contre le Covid 19.

Tout commence Mi-mars dernier. Le rythme de l’épidémie s’accélère sérieusement en Inde. Au plus fort de l’explosion du nombre de cas, le 28 avril, le ministère de la santé préconise l’intégration de l’Ivermectine à la liste des traitements pour traiter les formes légères et asymptomatique…
Sauf que, après étude, le pays découvre que le pic des infections avait lui été atteint quelques jours plus tôt et donc, que l’Ivermectine n’était pas à l’origine du recul de l’épidémie. Plus problématique encore, que malgré son introduction, le nombre de décès étaient resté très élevé .
Du coup depuis la mi-juin, au même titre que l’Hydroxychloroquine et l’azithromicine, le pays l’a donc tout simplement retiré de la liste des traitements recommandés, expliquant désormais la baisse de sa courbe par le confinement, les couvre-feux et l’intensification de sa campagne de vaccination.
 

Le 31 mars dernier, l’OMS avait estimé de son côté que les données actuelles sur l’utilisation de l'ivermectine pour traiter les patients Covid, n’était pas probante et déconseillait son usage en attendant d’avantage de résultats d’études.

Notes : 

L’ivermectine est une molécule apparentée aux avermectines (insecticides souvent utilisés à usage domestique comme appâts contre les fourmis, notamment l'abamectine) qui sont extraites d’une bactérie le Streptomyces avermitilis. L’ivermectine a un effet toxique par son action sur le système nerveux et la fonction musculaire, elle agit en particulier en inhibant la neurotransmission. La molécule présente une affinité importante pour les canaux chlorures glutamate-dépendants présents dans les cellules nerveuses et musculaires des invertébrés9, avec pour conséquence la paralysie et la mort par atteinte neuro-musculaire. Les mutations qui réduisent l’action de l'ivermectine sur les canaux chlorures confèrent une résistance à cette molécule10.

Dès le mois d'avril 2021, L’Organisation mondiale de la santé a déclaré que l’ivermectine – présentée par certains sur les réseaux sociaux comme un « remède miracle » Covid-19 – ne devrait pas être utilisée pour traiter les patients atteints de coronavirus. L’agence de santé des Nations Unies a déclaré qu’il y avait « une très faible certitude de preuves » sur les effets de l’ivermectine sur la mortalité, l’hospitalisation et l’élimination du virus du corps.

Voir aussi : 

- Que risque un médecin en prescrivant ces traitements dans le Covid ? (Le Quotidien du médecin)