L’uniforme scolaire, accepté localement, controversé au national

Polo fille "collège Sadi Carnot, la classe !" : 18€ dans cette boutique de Pointe-à-Pitre.
A deux semaines de la rentrée des classes, l’heure est aux derniers achats pour les parents d’élèves. L’uniforme est l'un des incontournables, dans plusieurs établissements de Guadeloupe. Nombreux sont ceux qui mettent le prix, pour une meilleure qualité. Acceptée localement, la tenue réglementaire ne fait, en revanche, pas l’unanimité dans l’Hexagone.

C’est un rituel pour beaucoup de parents et enfants : l’achat de l’uniforme scolaire. Une tenue imposée est, en effet, rendue obligatoire dans la majorité des écoles et collèges et dans certains lycées de Guadeloupe, qu’ils soient publics ou privés ; il en est fait mention dans les règlements intérieurs des établissements concernés.

"Bon maché ka kouté chè", selon le dicton guadeloupéen

À quelques jours de la rentrée des classes, certaines familles optent pour de la qualité, même si l’achat des tenues scolaires rogne sur leur budget.

Ce n’est pas si cher que ça.

Mohamed, père de famille

Vu que j’en ai deux, là je viens de dépenser près de cent euros pour l’année. C’est nettement plus avantageux que d’avoir des vêtements à acheter tous les jours. Comme ça revient des fois dans un drôle d’état, l’uniforme est plus pratique.

Suzelle, maman de deux enfants

L’uniforme obligatoire est synonyme d’aubaine pour les magasins spécialisés dans la vente et la confection de vêtements scolaires.

C’est clair qu’il y a une forte demande sur les t-shirts et sur la partie personnalisation. Les parents d’élèves ont tendance à venir chercher de la qualité, donc de la broderie, plus que de l’impression. Ça représente un coût plus important pour les parents, mais ils gagnent en durabilité. On pourrait dire que la broderie c’est du haut de gamme ; ça dure à vie. Les parents n’ont aucun problème à mettre le prix dessus.

Jimmy Beaupin, publiciste chez Créapub Communication
Les parents préfèrent les logos brodés, plus coûteux mais plus durables, aux logos imprimés.

L’uniforme, des pour et des contre

Aujourd’hui obligatoires dans de nombreux établissements des Antilles, les tenues dites réglementaires ne concernaient, il y a des décennies, que les écoles privées.

En Guadeloupe et en Martinique, cette pratique n’est pas généralisée, mais de nombreux établissements, de la maternelle au secondaire, l’imposent à leurs élèves ; pour le haut, il est souvent simplement question d’un t-shirt ou d'un polo d’une couleur prédéterminée avec logo et, pour le bas, le jean est souvent la référence.

Uniformes scolaires : les impirmés vichy ont la côte, en maternelle, en Guadeloupe.

Les écoles parlent de l’intérêt d’égalité entre élèves. Les familles, quant à elles, évoquent la facilité, mais aussi des arguments économiques.

C’est plus facile de ne pas choisir tous les matins. C’est un vrai soulagement.

Suzelle, maman de deux enfants

Ça évite la discrimination. On ne sait pas si l’enfant et sa famille ont de l’argent. C’est mieux que d’habiller les enfants en Nike ou autre.

Mohamed, père de famille

Au moins tous les élèves sont pareils, logés à la même enseigne, parce qu’il y a un effet de mode qui fait que les enfants aiment bien avoir des choses différentes. L’uniforme fait aussi économiser sur l’achat de vêtements, pour l’école. On dépense moins d’argent et le reste peut servir pour les sorties ou autre chose. 

Christelle, parent d'élèves

Sans l’uniforme on a le choix, mais avec c’est beaucoup plus pratique. Des fois ils font des prix sur les lots. Ce type de proposition est intéressant. En termes de lavage aussi, l’uniforme, pour moi c’est pratique. On n’a pas à réfléchir quels vêtements porter, chaque jour. Une fois qu’on a lavé le lot on sait que c’est ça.

Marylène, parent d'élèves

Même les enfants plébiscitent le port de l’uniforme !

Je préfère avoir des uniformes. C’est mieux, parce qu'acheter les vêtements, ça fait gaspiller un peu d’argent, parce qu’il en faut plusieurs.

Kemmy, 9 ans, élève de CM1

Ainsi, chez nous, cette mesure semble plaire. Néanmoins dans l’Hexagone, l’uniforme est encore assez critiqué. Même si les politiques sont nombreux à prôner le "retour" de l’uniforme à l’école, il n’y a jamais eu de politique nationale, l’imposant dans l’ensemble du pays.

Le 12 janvier 2023, l’Assemblée nationale a rejeté une proposition de loi visant à "instituer et à rendre obligatoire, sur le temps scolaire, le port d'une tenue uniforme dans les écoles et collèges publics". Mais les arguments qui rendent les Guadeloupéens favorables au port de l’uniforme, déplaisent sur le continent. Pour les opposants à ce projet, les tenues identiques ne permettent pas l’expression de la personnalité des élèves ; elles ne les préparent pas à accepter les différences et inégalités dans la société d’aujourd’hui.

Alors, tenue libre ou uniforme ? La question fait encore débat.