L’université se penche sur le lien entre le passé géologique et la biodiversité actuelle

Vue du chevauchement de la pointe Toiny. Cet affleurement clé a permis de dater une phase compressive régionale, responsable d'une émersion, qui a permis des migrations entre les Grandes Antilles et le nord des Petites Antilles.
La Caraïbe n’a pas toujours été un chapelet d’îles, grandes et petites, séparées à la fois entre elles et du continent. Les résultats des recherches les plus récentes ont réussi à établir qu’il y a plusieurs dizaines de millions d’années, des mouvements de plaques tectoniques ont conduit à l’émergence, puis à la submersion partielle, d’une super-île, baptisée Granola par les scientifiques. Ce pont continental traversait la mer des Caraïbes du nord au sud, reliant toute la zone au continent sud-américain. Ce qui expliquerait qu’une grande partie de la faune des grandes et des petites Antilles a des ancêtres sud-américains.

Il y a une vingtaine d’années, à Saint Barthélemy, des chercheurs mettent à jour le fossile d’un rat géant, pesant quelques 200 kilos. Un mammifère disparu il y a des millions d’années et dont l’ancêtre, bien plus petit, vivait lui en Amérique du sud.

Un nouvel exemple de similarités biologiques qui, pour les scientifiques, ne peut s’expliquer que par la présence, à un moment donné, d'un pont continental traversant du Nord au Sud la mer des Caraïbes et permettant donc des déplacements terrestres.

En combinant les résultats des travaux menés dans plusieurs disciplines, biologie, génétique, géologie, les scientifiques ont pu établir un scénario. Les données génétiques ont permis de dater la période où certaines espèces ont commencé à évoluer différemment, à diverger comme disent les spécialistes. Entre 35 et 33 millions d’années. Et les  données géologiques recueillies sous l’eau grâce à de nouvelles technologies ont confirmé l'existence d'un tel pont.

Sous la pression des mouvements des plaques tectoniques, la zone nord Antilles, comprimée, s’est à un moment soulevée et retrouvée hors de l’eau, avant que, quelques millions d’années plus tard, d’autres mouvements ne provoquent son affaissement en certains points, sectionnant cette méga-île baptisée Granola en petites et grandes Antilles.

Émergée à la faveur d'un épaississement crustal d'origine tectonique, Granola faisait la connexion entre les Grandes Antilles et le nord des Petites Antilles qui montrent un registre fossile étroitement apparenté.

Comment expliquer qu’une grande partie des espèces, en particulier endémiques, qui font la richesse et la diversité des formes de vie dans les grandes comme dans les petites Antilles, ont des ancêtres communs venus d’Amériques du Sud. Pour tenter de comprendre, une équipe pluridisciplinaire a croisé approche biologique, l’étude des espèces, et approche géologique, centrée sur les roches.

Et un scénario se dessine. Celui d’une continuité physique, hors de l’eau, du Nord au sud de la Caraïbe, du continent sud-américain, jusqu’à Barbade, en passant par Porto-Rico. Un pont né des mouvements des plaques tectoniques, il y a entre 30 et 40 millions d’années, et morcelé un plus tard par ces mêmes mouvements, pour laisser la place au chapelet d’îles que l’on connait aujourd’hui.

Les découvertes géologiques réalisées grâce aux nouvelles technologies ont donc permis de confirmer l’existence d’un continuum géologique entre les îles émergées et les fonds marins. Mais tout est d’abord parti d’un fossile de rat géant découvert à Saint Barthélemy.

 Ces 4 Mini-conférences sur les liens entre la géologie et la biodiversité des Grandes et des Petites Antilles, se tiennent ce mercredi soir sur le Campus de Fouillole, à partir de 18h à l' Amphi Méril

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