Les membres de l’Union des producteurs agricoles de la Guadeloupe (UPG) étaient en assemblée générale, dimanche 21 août 2022, à Port-Louis.
Le syndicat célèbre cette année ses 50 ans de lutte en faveur "du droit d’exister" et de "contribuer fortement aux grandes orientations" prisent dans le territoire, en faveur d’une agriculture paysanne répondant prioritairement aux besoins du marché intérieur, dans le respect des réalités locales.
Sur ces points, l’orientation générale de cette organisation ne change pas.
L’UPG milite aussi pour que les exploitants bénéficient d’un revenu suffisant, à la hauteur de leur travail et de leur production.
C’est notamment le cas dans la filière canne, dont les acteurs, adhérents à cette organisation, entendent rebattre les cartes, en amont de la campagne sucrière 2023.
La richesse saccharine, un socle dépassé
2022 est l’année de la fin de la "convention canne" élaborée en 2016, au sein de la filière. Une nouvelle convention est donc en préparation, en vue de la prochaine récolte.
Dans ce contexte, l’UPG entend impulser la révision du mode de paiement de la tonne de canne, en vigueur depuis les années 1970, suite à d’importants mouvements sociaux.
L’évaluation du prix de revient destiné aux planteurs, sur la seule base de la richesse saccharine, ne lui semble plus correspondre à la réalité du moment, dans la profession.
A l’époque où ils avaient basé le mode de paiement sur la richesse saccharine, le seul produit qui avait une valeur marchande importante était le sucre. Le reste faisait office de sous-produits. Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche de co-produits de la canne et tous sont valorisés : aussi bien le sucre, que la mélasse, que la bagasse et l’alcool.
Rosan Mounien, membre fondateur de l'UPG et expert de la filière canne
Ainsi, l’UPG prône l’adoption d’une formule qui évalue la valeur économique de chacun de ces "co-produits", afin de rémunérer les acteurs équitablement.
Car, pour l’heure, seuls les usiniers tirent le bénéfice des "co-produits" autres que le sucre, estime le syndicat.
L’Usine [NDLR : Gardel] a annoncé avoir produit pratiquement 80% de son sucre en sucres spéciaux, donc en sucres de bouche. Elle envisage aussi de produire un volume assez important de sucre bio. Ce qui remet en question toutes les précédentes conventions, rédigées sur le socle de la richesse saccharine et sur le protocole de paiement de la canne à la richesse. Aujourd’hui, il y a un certain nombre de leviers à faire bouger.
Alex Bandou, secrétaire général de l'UPG
Mais "il y a un bocage, principalement au niveau des usiniers", explique Rosan Mounien, quant au lifting attendu par l’UPG.
L’Etat et les élus attendus pour impulser le changement
Pour Rosan Mounien, il appartient à l’Etat de jouer le rôle "d’arbitre impartial". Mais il craint que Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt (DAAF) n’abonde que dans le sens des usiniers, "comme par le passé". Pour lui, le problème est politique.
Là aussi, les élus, au niveau des collectivités, ont un rôle à jouer, pour faire entendre la voix de la Guadeloupe.
Rosan Mounien, membre fondateur de l'UPG et expert de la filière canne
Afin de faire défendre le point de vue de ses adhérents, l’UPG a élaboré une proposition.
Nous avons préparé un document assez conséquent, afin de faire face à nos partenaires (les usiniers et l’Etat). Mais, en préambule, il faut savoir que nous ne pouvons pas envisager de fonctionner, dans la convention 2023, sur la base de la richesse saccharine.
Alex Bandou, secrétaire général de l'UPG
L’Union des producteurs agricoles de la Guadeloupe rappelle, par ailleurs, que la filière canne joue le rôle de pivot du secteur agricole globale, dans l’archipel.
Les partenaires ont donc tout intérêt à trouver un terrain d’entente, afin de ne pas fragiliser ce pôle économique essentiel.
A écouter l’interview complète de Rosan Mounien :
A écouter l’interview complète d’Alex Bandou :