La communauté haïtienne de Guadeloupe dans les rues réclame justice pour le pays

Manifestation de la diaspora haïtienne, dans les rues de Pointe-à-Pitre, le 21 mai 2022
Plusieurs associations haïtiennes organisaient, ce samedi 21 mai, un rassemblement pour crier leur colère. La guerre des gangs fait rage dans le pays qui sombre chaque jour un peu plus dans la violence. Les ressortissants haïtiens réclament également justice, après l'assassinat du président Jovenel Moïse.

C'est à l'appel des associations franco-haïtiennes, le collectif "Haïtiens en mouvement en Guadeloupe", et le COHASEFH, le comité des Haïtiens des associations et des entreprises franco-haïtiennes, que plusieurs dizaines de ressortissants étaient rassemblés à Pointe-à-Pitre, ce samedi 21 mai. 

Un constat sans appel : Haïti va mal

A distance, ils assistent à la situation dans laquelle s'enlise le pays, jour après jour. Décidés à ne pas rester impuissants, ils ont voulu faire entendre les voix de la diaspora, dans l'espoir de lendemains meilleurs. 

Tous dénoncent "une gestion catastrophique du pays" et espèrent un sursaut. 

La manifestation fait suite à la fête du drapeau haïtien, le 18 mai dernier. Une journée symbole de l'indépendance arrachée et à la souveraineté du pays, importante pour la population. Et c'est tout le peuple haïtien, qu'il réside en France hexagonale, au Chili, au Canada, à Saint-Domingue ou encore au Brésil, qui est invité à se lever. 

Aujourd'hui, beaucoup n'ont plus confiance en leur dirigeant Ariel Henry, qu'ils accusent de faire partie du complot qui aurait conduit à l'assassinat de Jovenel Moïse, en juillet dernier. 

Ceux qui l'ont tué, ce sont eux qui dirigent... Ariel Henry est l'un des auteurs. On ne peut pas arrêter Ariel Henry parce qu'il est soutenu par des grands groupes et a des soutiens à l'international. 

Yvette Monexil, vice-présidente de l'association "Jeunesse haïtienne debout"

Pour eux, Haïti, première république noire indépendante, n'est pas régie par les Haïtiens, mais par les intérêts internationaux. 

Les membres des associations réunies et sympathisants présents ce samedi dénoncent un "crime contre l'humanité contre le peuple haïtien".

Sur place, le quotidien de la population est difficile. Violences, enlèvements, rythment les semaines. 

Le pays sombre dans la violence

Au moins 148 personnes ont été tuées entre fin avril et début mai dans le nord de la capitale haïtienne en proie à des affrontements entre deux gangs rivaux, a récemment annoncé le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), après une enquête menée dans les quartiers attaqués par les bandes armées.
Les Nations unies ont également alerté sur la gravité des faits. Des violences extrêmes ont été signalées, selon l'ONU, avec notamment des décapitations, des mutilations et des corps incendiés, ainsi que l'assassinat de mineurs accusés d'informer un gang rival. La violence sexuelle, y compris le viol collectif d'enfants âgés d'à peine 10 ans, a également été utilisée par les gangs. 

Au moins 9 000 habitants de ces quartiers, devenus théâtre de cette guerre de gangs, ont fui leurs maisons et se sont réfugiés chez des proches ou dans des sites temporaires, tels que des églises et des écoles.

Depuis plusieurs décennies, les bandes armées sévissent dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, mais elles ont drastiquement accru leur emprise sur la ville et le pays ces dernières années, multipliant assassinats et enlèvements crapuleux.

Plus de deux semaines après le début de cette flambée de violence, le gouvernement haïtien ne s'est pas encore exprimé sur cette situation qui place la capitale en état de siège, empêchant toute sortie sécurisée par la route vers le reste du pays.

Depuis juin 2021, les autorités ont déjà perdu le contrôle du seul accès routier qui relie Port-au-Prince à la moitié sud du pays car, sur l'espace de deux kilomètres, la route nationale est totalement sous la maîtrise de bandes armées.