En 2019, sur les plus de 11 000 personnes atteintes d’une tumeur en Guadeloupe, 53% étaient des hommes contre 47% des femmes.
La gente masculine est essentiellement touchée par le cancer de la prostate qui représente deux tiers des principales localisations. A contrario, les cancers du côlon et de l’estomac sont beaucoup moins fréquents. La tranche d’âge concernée est celle allant de 60 à 79 ans.
Chez la gente féminine le cancer du sein représente la moitié des principales localisations cancéreuses/ suivi de très loin par celui du colon et de l’utérus. Les femmes âgées entre 50 et 69 ans sont les plus impactées.
Entre 2014 et 2019, on enregistre plus de 22% d'augmentation du nombre de personnes atteintes de cancers et ce, quel que soit le sexe.
Pour ce qui est des chiffres de la mortalité par cancer, si les données que l'on possède datent de 2013-2015, elles n'en révèlent pas moins une moyenne de 678 décès chaque année du fait du cancer.
En Guadeloupe, le cancer de la prostate est celui qui tue le plus d’homme; et pour les femmes c’est le cancer du sein qui est la première cause de décès par cancer.
L'exemple du cancer colorectal
Avec près de 200 nouveaux cas annuels, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier dans notre Archipel après le poumon. Dépistés à temps 9 cancers sur 10 sont guéris selon le C.R.C.D.C., le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers
Or, en la matière, les chiffres restent largement insuffisants. Malgré une campagne permanente en faveur du dépistage, aujourd'hui encore moins d'un quart de la population concernée participe au dépistage organisé du cancer colorectal. Bien qu’il soit en progression, 17% en 2021 contre 23% en 2022, le taux de participation au dépistage organisé du cancer colorectal est à améliorer en Guadeloupe, à St Martin et à St Barthélemy
L’effort à faire touche plus les hommes que les femmes.
Sur les populations concernées, soit les adultes de 50 à 74 ans, seuls 18% de sujets masculins font le test, contre 26% de sujets féminins. Selon les professionnels de santé, le frein principal est une méconnaissance de la procédure de test. C’est pourtant gratuit, rapide, simple, non-intrusif, et donc indolore.
Le test, qui s’effectue en toute intimité chez soi, est à récupérer chez son médecin ou pharmacien participant à la campagne. En l’absence de risque particulier, il peut même être commandé en ligne sur le site de l’Assurance maladie pour recevoir son kit à domicile.
Facile à utiliser, il est remis ou livré avec un mode d’emploi détaillé. Concrètement, c’est juste un prélèvement de selle à effectuer à la maison et à placer dans l’enveloppe préadressée et préaffranchie fournie dans le kit. Une fois postée, le laboratoire transmet directement les résultats au patient et à son médecin.
En 2022, sur les 56 945 invitations au dépistage lancées par le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers, seulement 15 499 tests ont été réalisés.
L'enjeu est donc d'inciter les 50/74 ans à effectuer le test qui permet de détecter les prémices d'une tumeur. L'Institut National du Cancer et le CRCDC-971, lancent d'ailleurs de nouvelles campagnes d'information.
Tendances futures
Dans son mémento sur le cancer, l'Organisation panaméricaine de la Santé soulignait en février qu'à l’échelle mondiale, on estime à 20 millions le nombre de nouveaux cas de cancer et à 10 millions le nombre de décès par cancer. Le fardeau du cancer augmentera d’environ 60 % au cours des deux prochaines décennies, ce qui aura un impact supplémentaire sur les systèmes de santé, les individus et les communautés.
La charge mondiale du cancer devrait augmenter pour atteindre environ 30 millions de nouveaux cas d’ici 2040, la plus forte croissance se produisant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le cancer peut être prévenu et contrôlé en mettant en œuvre des stratégies fondées sur des données probantes pour la prévention, le dépistage et la détection précoce, le traitement et les soins palliatifs du cancer. Les facteurs de risque modifiables de cancer les plus courants, communs à de nombreuses autres maladies non transmissibles, sont :
- Tabagisme
- Faible consommation de fruits et légumes
- Usage nocif de l’alcool
- Activité physique insuffisante
Certains facteurs de risque spécifiques du cancer comprennent les infections chroniques au virus du papillome humain (VPH) (pour le cancer du col de l’utérus), l’hépatite B ou C pour le cancer du foie et H pylori (pour le cancer de l’estomac).
Un tiers à la moitié des cas de cancer peuvent être évités en réduisant la prévalence des facteurs de risque connus. La lutte antitabac et la vaccination contre le VPH sont des exemples d’interventions.
Si aucune mesure n’est prise pour prévenir et contrôler le cancer, le nombre de personnes qui recevront un diagnostic de cancer devrait augmenter de 57 %, soit environ 6,2 millions de personnes d’ici 2040 dans la Région des Amériques.