A chaque nouvel épisode d'échouements de sargasses sur les littoraux de l'archipel guadeloupéen, la côte Nord-Est de la Grande-Terre est impactée.
C'est le cas en particulier de la prisée plage de la Porte d'Enfer, à Anse-Bertrand, point de départ d'un sentier de randonnée très fréquenté.
Un site pittoresque gâché par les sargasses
Le triste spectacle qui est actuellement offert aux usagers de la Porte d'Enfer (marcheurs, vacanciers et touristes), en ce mois d'avril 2022, est récurrent, depuis que le phénomène a débuté, en 2011.
Dès lors que les radeaux d'algues brunes s'engouffrent dans ce cul-de-sac-marin très étroit, d'un peu plus d'une centaine de mètres de profondeur, même le ressac de la mer ne peut les retirer.
Il faut une intervention humaine, pour les évacuer.
Seulement voilà, la tâche apparait colossale, au regard des tonnes de sargasses qui s'amoncèlent sur la vaste étendue de l'impasse. D'autant plus que d'autres bancs arriveront encore, ces jours prochains.
Sur place, durant la semaine de Pâques, un homme a tenté de faire reculer la vague de sargasses, sur la plage ; seul, à l'aide d'une pelle manuelle et d'un petit tracteur.
Selon le maire d'Anse-Bertrand, Edouard Delta, "C'est une initiative personnelle des gérants du restaurant" installé à l'entrée du site, en bordure de route. Une structure économique qui subit de plein fouet les effets néfastes des algues (nuisances visuelles, olfactive...).
A Anse-Bertrand, l'anse Pistolet, moins fréquentée, subie le même sort que la Porte d'Enfer.
Des solutions qui tardent à être mises en œuvre
La municipalité est dépassée. Elle reste dans l'attente d'un "kit sargasse" financé à hauteur de 80% par l'Etat, par l'intermédiaire de la préfecture. De tout le matériel commandé, seul un camion a été livré, à ce jour. Le reste devrait suivre, "dans les mois à venir", selon le maire d'Anse-Bertrand ; il devrait s'agir d'un tractopelle, d'un tracteur et d'une cribleuse.
Un appel d'offre a été lancé et il a déjà abouti à la désignation des entreprises qui œuvreront sur les chantiers de ramassage, pour le compte de la commune, en lien avec l'Office national des forêts (ONF).
Un site de stockage et de séchage des sargasses a été également choisi.
L'idéal serait de les valoriser. Je sais qu'il y a une entreprise qui cherche à créer une unité de production d'électricité et je pense que ce serait bienvenu. Sur le plan purement théorique, il y a une solution (...), qui consisterait à brûler les algues séchées et à tirer de cela de l'énergie électrique à redistribuer sur le réseau.
Edouard Delta, maire d'Anse-Bertrand
En attendant, c'est la Communauté d'agglomération du Nord Grande-Terre (CANGT) qui doit procéder au retrait des algues. Là aussi, un marché a été passé avec des entreprises déjà équipées.
Et justement, des interventions sont prévues "assez rapidement", à Anse-Bertrand, mais aussi à Moule, selon le président de la CANGT, Jean Bardail.
J'ai vu avec le directeur général des services, ce matin [25 avril 2022]. Donc on est en train de tout mettre en œuvre, pour intervenir à Moule et à Anse-Bertrand. Même s'il y a un marché, il y a toujours un coût supplémentaire, parce que peut-être qu'on aura besoin de bennes, de transports, etc. Je pense qu'il faudra des interventions permanentes, si on veut aboutir à un résultat. L'envahissement est très important, cette fois.
Jean Bardail, président de la Communauté d'agglomération du Nord Grande-Terre
Quant à la partie traitement et valorisation des algues ramassées et stockées, Jean Bardail regrette que les bonnes idées évoquées lors du grand colloque international sur les algues sargasses d'octobre 2019 n'aient pas été suivies d'effets...
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