"Malheureusement la grave situation chez notre voisin n'a pas été traitée avec la vitesse et l'urgence nécessaire", a déploré devant la presse le président Luis Abinader, dont le pays partage l'île d'Hispagnola avec Haïti.
Selon l'ONU, le mois de janvier a été le plus violent depuis plus de deux ans en Haïti, où près de 5 000 personnes ont été tuées en 2023, dont 2 700 civils victimes de gangs de plus en plus violents.
"Aujourd'hui, avec une importante partie de son territoire sous le contrôle de gangs criminels, Haïti est au bord de la guerre civile", a alerté le président dominicain, dont le pays entretient des relations compliquées avec son voisin.
Pour tenter d'aider la police dépassée, le Conseil de sécurité de l'ONU a finalement donné en octobre son accord pour l'envoi en Haïti d'une mission multinationale menée par le Kenya.
Un tribunal de Nairobi a bloqué fin janvier l'envoi prévu de 1 000 policiers kényans, mais le gouvernement kényan a annoncé qu'il allait contester cette décision, le gouvernement d'Haïti assurant, lui, garder espoir.
La future mission aura également besoin de financements, a insisté Luis Abinader.
"Le temps des promesses est terminé (...). Ou l'argent arrive maintenant ou l'effondrement d'Haïti sera irréversible. Cet effondrement sera une menace pour nous et pour la région", a-t-il estimé.
"C'est pourquoi je voudrais mettre en garde la communauté internationale aujourd'hui: la République dominicaine se battra de toutes ses forces pour ne pas être entraînée dans les mêmes abysses qu'Haïti".
"Notre slogan désormais sera: soit nous nous battons ensemble pour sauver Haïti, soit nous nous battrons seuls pour protéger la République dominicaine", a-t-il prévenu, appelant à empêcher le "chaos et l'anarchie".
Le président a fait ces déclarations à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité consacré aux liens entre conflits, crises alimentaires et changement climatique qui exacerbe les tensions autour des ressources naturelles.
Saint-Domingue et Port-au-Prince entretiennent des relations tumultueuses en raison de l'immigration et de la construction d'un mur anti-migrant le long des 174 km de frontière par la République dominicaine, plus prospère que son voisin.
La tension est montée depuis quelques mois avec la construction par des opérateurs privés haïtiens d'un canal puisant l'eau dans le Dajabon, un cours d'eau marquant la frontière.