Les causes de fermeture des établissements scolaires sont multiples en Guadeloupe : crise sanitaire, grèves, intempéries, sargasses, coupures ou mauvaise qualité de l'eau... Au final, les élèves de l'archipel sont régulièrement privés de précieuses journées d'école et de leur droit à l'éducation.
Le problème semble être territorial : les écoles de Guadeloupe sont régulièrement fermées, sur le temps scolaire, pour des raisons diverses et variées. Dans certaines communes plus que dans d'autres.
Si parfois des cas de force majeure ne peuvent être remis en cause, bien souvent, les établissements scolaires restent clos pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la sécurité des élèves. Ces derniers font les frais de conflits sociaux ou de problèmes sanitaires qui les dépassent.
Dès lors, les enfants de l'archipel sont privés de l'éducation à laquelle ils ont droit. Ce qui est intolérable, comme l'ont maintes fois dénoncé les parents d'élèves.
Quand la fermeture va de soi
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a obligé l'ensemble des pays du globe à s'adapter. Il en a été de même au sein de l'Education Nationale.
C'est ainsi que le confinement a éloigné les élèves des bancs de leurs écoles, collèges et lycées, durant plusieurs semaines. Et, encore aujourd'hui, des classes, voire des établissements scolaires entiers, doivent garder portes closes, parce que des usagers ont été diagnostiqués positifs au virus.
C'est d'ailleurs le cas, actuellement, à l'école "Ginette Maragnès" du bourg de Sainte-Anne, par exemple.
On se souvient de l'épisode dramatique d'invasion des côtes de l'archipel, par les algues sargasses, en 2018. Plusieurs zones, dans nos îles, avaient été impactées par les émanations toxiques. Dans ce contexte, les établissements scolaires des secteurs concernés étaient restés fermés, là aussi durant plusieurs jours.
C'était notamment le cas à Pointe à Bacchus et dans le bourg de Petit-Bourg, à Capesterre de Marie-Galante, ou encore à Goyave.
Or, les sargasses sont de retour, depuis une dizaine de jours. Des échouements massifs ont été observés à la Désirade et sur les côtes Est et Sud du territoire.
Les intempéries aussi peuvent être la cause de fermeture d'école. Certaines d'entre elles sont exposées au risque inondation.
En cas d'alerte cyclonique, il va de soi que les enfants restent à l'abri.
Les récurrents problèmes liés à l'eau
Mais que dire quand les élèves ne peuvent aller à l'école, pour cause de coupure d'eau, ou de doute quant à sa qualité ?
Comment faire autrement, si les élèves ne peuvent ni se laver les mains, ni aller aux toilettes, ni boire l'eau du robinet ?
Le souci est que cela arrive très souvent. Et le temps est long avant la résolution de cette problématique plurielle, systémique, dépendante d'une politique adaptée qui se fait attendre.
Régulièrement, on entend que des établissements du Gosier ne peuvent accueillir les élèves, pour cause de non distribution.
En début de semaine, à Petit-Bourg, plusieurs écoles primaires et le collège sont restés fermés, à cause d'une intrusion à l'usine de Moustique, le 25 avril dernier. Ne sachant pas si l'eau avait été contaminée, les autorités municipales et rectorales ont opté pour le principe de précaution, en attendant que la cuve soit vidée, désinfectée et réalimentée. Cette fois, outre l'acte de vandalisme, l'absence de sécurisation des infrastructures du SIAEAG a été pointée du doigt.
Les conflits sociaux
Et puis il y a les grèves.
Entre décembre 2019 et févier 2020, il y a eu le vaste mouvement de protestation contre la réforme des retraites, à l'échelle nationale. Les enseignants y ont pris part en nombre.
En Guadeloupe notamment, cette grève a donné lieu a plusieurs semaines de fermeture des écoles.
Actuellement les agents des collectivités affiliés à l'UTC-UGTG militent pour le respect de leurs droits. Cela, depuis le 2 mars 2021, soit 9 semaines (depuis le 22 février, à Petit-Bourg). En marge de cette "grève générale illimitée", foules d'écoles ont été maintes fois fermées, par des cadenas ou par l'amoncèlement de détritus.
Mais, chose incompréhensible pour les parents d'élèves : ces lieux de transmission du savoir aux jeunes générations, ont été maintes fois vandalisées, souillées, le matériel a été dégradé, de l'huile de vidange a été déversé dans des cours de récréation, sur des chaises d'écoliers, sur des préaux.
Encore hier, quatre écoles du Gosier ont fait l'objet d'actes de vandalisme : à "Germaine Lantin", "Saturnin Jasor", "Georges Marcel de Mangot" et "Maryse Pierre-Justin Borel de L'Houëzel", les serrures ont été engluées... et, là aussi, de l'huile de moteur a été déversée au niveau des portails d'accès, selon un communiqué de la mairie. Elles n'ont pas accueilli les élèves, aujourd'hui.
Las de ces atteintes répétées, un groupe de parents d'élèves des écoles du Gosier a rédigé un communiqué, ce vendredi 30 avril 2021, pour rappeler que l'éducation des enfants est "un droit universel" et "doit rester une priorité".
NOS ENFANTS sont, depuis plus d’une année, pénalisés du fait d’une scolarité irrégulière et incomplète.
Les enseignants constatent, en effet, des lacunes inédites, chez de nombreux enfants. Lacunes liées à un programme scolaire amputé de plus d’un tiers en 2020 et, selon les écoles et les classes, de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, en 2021.
L’enseignement pédagogique est conséquemment perturbé. Ce constat nous inquiète très fortement.
Communiqué "Droit à l'éducation des enfants du Gosier"
Ces parents ne manquent pas de rappeler que l'école permet aux plus jeunes d'accéder à la connaissance et les prépare à la vie sociale.
En revanche, un rythme scolaire irrégulier creuse les inégalités et génère des lacunes qui s'accumulent.
Les enfants de Guadeloupe ont-ils mérité cela ?