La sucrerie-rhumerie de Marie-Galante en marche vers la modernisation

30 millions d’euros pour moderniser la sucrerie-rhumerie de Marie-Galante… Les dirigeants de l’usine ont remis aux services de l’Etat le « plan d’entreprise », qui prévoit les investissements envisagés jusqu’en 2026 pour rénover l’unité et la mettre aux normes environnementales.

La Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante (SRMG) avait jusqu’au 27 avril, pour remettre aux services du ministère de l’Agriculture, son « plan d’entreprise » pour la modernisation de l’usine. Le document a été transmis ce mercredi à la DAAF de Guadeloupe (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt). Exigé dans le cadre de la convention relative au soutien financier de l’Etat à l’unité industrielle, ce plan détaille les investissements prévus sur cinq ans (jusqu’en 2026) pour rénover l’outil de production : augmenter sa rentabilité et le mettre en conformité avec les normes environnementales. Le coût total est évalué à environ 30 millions d’euros, qui seront financés en partie par les fonds européens. 

La seule sucrerie des DOM sans centrale thermique

La SRMG a dû en fait revoir totalement le plan d’entreprise arrêté en 2017, puisque ce dernier était basé sur le couplage de l’usine à une centrale thermique de cogénération, qui devait, à partir de 2022, lui fournir l’électricité et la vapeur nécessaires à son fonctionnement, comme cela est le cas aujourd’hui pour toutes les autres sucreries des départements d’outre-mer (Réunion et Martinique). Le projet de centrale thermique étant aujourd’hui abandonné, l’unité industrielle de Grande-Anse devra toujours être équipée d’une chaudière pour ses besoins en énergie. 

« On nous demande de faire une usine des temps modernes, sans les temps modernes ! »

Stéphane Deniaud, directeur général de la Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante

 

Electrification des moulins 

Mais au lieu d’être actionnés mécaniquement par des turbines à vapeur, les quatre moulins qui broient les cannes seront entraînés par une force électrique. C’est le point-clé de la modernisation de l’usine. Plus fiable et plus performant, ce procédé va permettre d’améliorer la capacité d’extraction de sucre et la qualité, et développer ainsi de nouveaux produits, à commencer par les sucres de bouche, appelés « sucres spéciaux », nettement mieux valorisés sur le marché que le sucre vrac destiné aux raffineries. Les moteurs électriques seront alimentés par le turbo-alternateur, complété éventuellement par le réseau EDF. 

Changer la chaudière ?

Le futur mode de production d'électricité va dépendre du maintien ou non de l’actuel générateur de vapeur. Car en 2025, les normes sur les rejets de poussières des chaudières à bagasse deviendront beaucoup plus exigeantes. La chaudière de Grande-Anse, qui date des années 80, deviendra alors obsolète. Au cas où elle ne pourra être modifiée pour s’adapter aux nouvelles normes, elle devra être remplacée par un modèle moins puissant et moins coûteux. 

Comment moderniser l’usine ?

La chaudière de l’usine de Grande-Anse devra attendre avant d'être remise en activité

 

Traiter les eaux rejetées par la sucrerie

Le respect des normes environnementales concerne les fumées, mais également les effluents aqueux de l’usine. La sucrerie de Grande-Anse fait ainsi l’objet, depuis plusieurs années, de mises en demeure émises par la DEAL (Direction de l’environnement, de l’Aménagement et du Logement) pour non respect de ces normes européennes. Conséquence : la subvention annuelle d’1,6 million d'euros, prévue par le ministère de l’Agriculture, dans le cadre de la convention relative au soutien de l’Etat à l’unité sucrière, est bloquée depuis trois ans (depuis la campagne 2020), soit un total de 4,8M€ en attente. Le temps de la tolérance est révolu, explique le représentant de l'Etat :

Alexandre Rochatte, préfet de région 

 

Les rejets aqueux de la sucrerie qui posent problème sont à la fois les eaux de pluie et les eaux de process, issues du lavage de l’usine. Ces eaux, chargées en matière organique, sont actuellement rejetées directement à la mer. Alors, comment seront-elles traitées ? La réponse du directeur général de la sucrerie-rhumerie :

Stéphane Deniaud, directeur général de la SRMG