Le 22 juin 1962, en vol de nuit, à 04 h 30, le Boeing 707-331 de la compagnie Air France Château de Chantilly, en provenance de Paris via Lisbonne et Les Açores est sur le point d’atterrir à l’aéroport du Raizet-Pointe à Pitre (Guadeloupe). Pourtant il se crashera sur les hauteurs de Caféière, un morne situé sur la commune de Deshaies. Il n’y a aucun survivant parmi les 103 passagers et les 10 membres d’équipage.
62 ans après, le même hommage revient
Sous une pluie battante, ce serait d'ailleurs presque un jour de deuil, 62 ans après le drame sans aucun survivant. Alors chaque année c'est le même rituel, des fleurs à la mémoire des 113 victimes. Et comme pour sonder le passé, Catherine Appolinaire, une habitante de Caféière Deshaies, ne se lasse pas de scruter cette plaque.
Il y a des familles qui ont disparu. Il y a quatre membres d'une même famille parmi les victimes. C'est beaucoup pour une famille de pouvoir supporter ça.
Catherine Appolinaire, habitante de Caféière Deshaies
Cette tragédie, cette femme l'a vécue à distance. Elle avait 5 ans quand la montagne s'est embrasée. Elle habitait à quelques kilomètres d'ici.
J'ai vu la flamme qui est passée et ça a brûlé tous les cocotiers qui étaient à son niveau. Le feu est passé et après on a entendu un grand bruit et c'était l'avion qui était tombé. Je ne comprenais pas grand chose. Je tenais la robe de ma mère en tremblant. On a vu le ciel tout rouge, ça m'a marquée. Tout le ciel était rouge.
Catherine Appolinaire, habitante de Caféière Deshaies
Des zones d'ombre dans la vérité officielle
Selon les explications officielles données à l'époque, l’accident serait dû à une panne de VOR (système de radioguidage) de l’aéroport du Raizet et à une défaillance du guidage automatique de l’appareil liée aux mauvaises conditions météorologiques. Pourtant beaucoup de questions demeurent. Philippe Michaux, ancien pilote et ancien officier de l'air, est toujours à la recherche de la vérité.
La première fois que je suis venu visiter le site, le réacteur était quasiment entier ici. Il y avait le réacteur, un train d'atterissage un peu plus loin, il y avait une des ailes qui débordait au-dessus des arbres. On avait vraiment l'impression qu'on avait démonté l'avion et qu'on l'avait posé comme ça.
Philippe Michaux, ancien pilote et ingénieur
Pour Philippe Michaux, comme pour beaucoup d'autres, ce crash est resté une énigme, avec des zones d'ombre tenaces.
Beaucoup de choses restent inexplicables. Le fait que le dossier soit toujours classé confidentiel défense, comme un dossier militaire, alors que c'est un accident civil, ça c'est relativement incompréhensible. On n'a jamais voulu ouvrir les archives.
Philippe Michaux, ancien pilote et ingénieur
D'ailleurs pour certains historiens, la thèse de l'attentat n'est pas à écarter. Ce jour-là, à bord du Boeing "Chateau de Chatilly", se trouvait parmi les passagers, le député guyanais Justin Catayée et l'écrivain Albert Beville alias Paul Niger, deux militants autonomistes et anticolonialistes.