À l'approche de la COP16 (du 21 octobre au 1er novembre), c'est une urgence mondiale alerte le Fonds mondial pour la nature dans son dernier rapport.
En seulement 50 ans, la taille moyenne des populations d’animaux vertébrés sauvages a chuté de 73 %. Le WWF tire la sonnette d'alarme et appelle à des actions urgentes pour éviter des catastrophes écologiques irréversibles.
Depuis un demi-siècle, la planète fait face à une régression massive de sa biodiversité. Les espèces animales, qu'elles soient terrestres, marines ou d'eau douce, subissent des pertes dramatiques.
Les chiffres sont alarmants : la taille moyenne des populations vertébrées a diminué de 73 % entre 1970 et 2020.
Ce constat, issu de l’Indice Planète Vivante (IPV), qui suit l’évolution de plus de 35 000 populations animales, révèle un véritable effondrement écologique.
Des pertes inquiétantes
La situation varie selon les régions du globe, mais partout le constat est similaire : un déclin rapide et inquiétant.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, les populations animales ont chuté de 95 %. L'Afrique connaît une diminution de 76 %, suivie par l'Asie-Pacifique avec 60 %. Même en Europe, où les efforts de conservation ont permis une certaine stabilisation, les populations animales ont encore baissé de 35 %.
Ce déclin est causé principalement par la destruction des habitats naturels, souvent liée aux systèmes alimentaires des populations.
La surexploitation des ressources, les espèces invasives, les maladies et, de plus en plus, le changement climatique, viennent aggraver la situation.
En Amérique latine, par exemple, la déforestation massive et le réchauffement climatique menacent la forêt amazonienne, l'un des poumons verts de notre planète.
Le rôle clé des écosystèmes
La biodiversité joue un rôle crucial dans le maintien des écosystèmes, qui eux-mêmes sont essentiels à la survie de l’humanité. Ces écosystèmes fournissent nourriture, eau potable, et contribuent à réguler le climat.
Lorsqu'une espèce disparaît ou voit sa population chuter sous un certain seuil, tout l'écosystème s'en trouve fragilisé. Des services essentiels comme la pollinisation, la dispersion des graines ou le recyclage des nutriments sont alors compromis.
Un exemple frappant concerne les récifs coralliens, dont la disparition pourrait mettre en péril la pêche, la sécurité alimentaire et la protection des côtes pour des centaines de millions de personnes.
Les points de bascule écologiques
Si les tendances actuelles se poursuivent, la planète se rapproche dangereusement de ce que les scientifiques appellent des "points de bascule". Ce sont des seuils au-delà desquels les écosystèmes subissent des changements irréversibles.
Parmi les points de bascule les plus préoccupants figure l’effondrement possible de la forêt amazonienne, qui pourrait libérer d’immenses quantités de carbone, aggravant ainsi le réchauffement climatique.
Dans les océans, la disparition massive des récifs coralliens entraînerait des bouleversements pour la faune marine et les populations humaines qui en dépendent. De même, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique provoquerait une élévation catastrophique du niveau des mers.
Des objectifs mondiaux loin d'être atteints
Les efforts pour lutter contre ces phénomènes existent, mais ils ne sont pas à la hauteur, selon le WWF. Malgré des objectifs ambitieux, comme l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique ou la Convention sur la diversité biologique, la plupart des engagements ne suffisent pas.
Le Fonds mondial pour la nature alerte sur le fait que plus de la moitié des Objectifs de Développement Durable (ODD) ne seront pas atteints d’ici 2030 si des actions fortes ne sont pas prises immédiatement.
Aujourd'hui, le réchauffement climatique devrait atteindre près de 3 °C d’ici la fin du siècle si rien ne change. Cela déclencherait inévitablement plusieurs points de bascule avec des conséquences désastreuses pour les écosystèmes et les sociétés humaines.
Des solutions existent, mais le temps presse
Face à cette situation d’urgence, le WWF appelle à un changement global. La protection des écosystèmes doit être renforcée, avec des aires protégées bien gérées et une meilleure prise en compte des populations locales et des peuples autochtones.
Ces derniers gèrent déjà un quart de la surface terrestre, dont de nombreuses zones riches en biodiversité.
Il est également crucial de transformer les systèmes alimentaires et énergétiques actuels.
La production agricole, responsable de 70 % de l’utilisation de l’eau douce et de 40 % de l’occupation des terres habitables, doit devenir plus respectueuse de l’environnement. Cela implique une réduction du gaspillage alimentaire, qui atteint aujourd’hui 30 % des aliments produits dans le monde.
Enfin, la transition vers des énergies renouvelables doit être accélérée pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et limiter le réchauffement à 1,5 °C.
De l'espoir
Bien que la situation soit alarmante, il reste encore une lueur d’espoir. Des efforts de conservation ont déjà porté leurs fruits : certaines populations animales ont pu se stabiliser ou augmenter. La clé pour éviter les points de non-retour réside dans la mobilisation globale, en associant tous les secteurs – gouvernements, entreprises, sociétés civiles – autour d'un objectif commun : préserver la biodiversité et assurer la survie de la planète.