Le dispositif de dépôt de plainte en ligne connaît un démarrage encourageant en Guadeloupe, malgré quelques réticences

"Ma sécurité" : le portail des plaintes en ligne ©Alexandre Houda, Jean-Marie Mavounzy
Depuis le 15 octobre, le ministère de l'Intérieur propose un nouveau dispositif permettant de déposer plainte en ligne pour des atteintes aux biens. Un outil qui facilite les démarches administratives, bien qu’il ne convainque pas encore tous les citoyens.

La dématérialisation des services publics continue à se développer avec l’introduction du dépôt de plainte en ligne par le ministère de l’Intérieur.

Accessible depuis le 15 octobre, cette plateforme permet aux citoyens de déposer plainte pour des atteintes aux biens sans avoir à se déplacer dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie. "Il est désormais possible de rester chez soi pour remplir sa déclaration en allant sur le site masecurite.interieur.gouv.fr", explique Camille Blanc-Tichy, commissaire de police et cheffe du service territorial de police judiciaire.

Grâce à cette plateforme, disponible 24h/24 et 7 jours sur 7, les victimes de vol, d’escroquerie ou de vandalisme, représentant près des deux tiers des plaintes annuelles en Guadeloupe, peuvent désormais entamer leur démarche directement depuis leur ordinateur ou smartphone. Chaque semaine, ce sont plus de 120 plaintes qui sont enregistrées en Guadeloupe, soit environ 7 000 par an.

Le fonctionnement est simple. L’usager sélectionne l’option correspondant à son cas - une atteinte aux biens contre un auteur inconnu - et suit les menus déroulants qui le guident pas à pas dans la déclaration. Une fois celle-ci complétée, elle est automatiquement transmise au commissariat ou à la gendarmerie compétente. "Ils vont lui poser des questions au fur et à mesure pour arriver à la fin de sa déclaration", précise Camille Blanc-Tichy.

Ce dispositif remplace la Pré-plainte en ligne (PPEL) instaurée en 2013. Contrairement à ce dernier, la Plainte en Ligne (PEL) permet désormais un dépôt intégral, sans passage physique dans les locaux des forces de l’ordre.

En Gironde, où le projet a été expérimenté en décembre 2023, les résultats sont très encourageants : une diminution de la fréquentation des commissariats de 25 % et 70 % des plaintes totalement dématérialisées.

Pour le ministère de l’Intérieur, ce gain en efficacité se traduit par une optimisation des moyens humains et une amélioration du traitement des plaintes, même pour des préjudices mineurs.

Après une période de test, 80 % des utilisateurs se sont dits satisfaits du service. Toutefois, certains citoyens restent réticents. "Avoir quelqu'un en face de vous, c'est plus rassurant. Au moins, la personne voit vos émotions", explique une passante. Un autre déplore que "la dématérialisation soit partout aujourd'hui. On ne voit plus personne et on n'a pas toutes les informations que l'on recherche".

En deux jours de lancement, le nouveau portail a déjà enregistré 12 plaintes, marquant un début prometteur pour ce dispositif qui devrait progressivement s’étendre à toute la France.