Le Groupe Bernard Hayot visé par une enquête de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique sur l'opacité de son lobbying

Bernard Hayot est le fondateur du groupe qui porte son nom, GBH, le 12 mai 2015 au port du Havre.
Après les plaintes déposées à son encontre sur le dossier de la vie chère pour entente et abus de position dominante, le Groupe Bernard Hayot (GBH), est dans le viseur de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Cela fait suite à la plainte d'une ONG concernant la non-déclaration des activités de lobbying du groupe martiniquais, a-t-on appris par une enquête du journal Libération publiée ce mercredi 19 mars.

Selon l'enquête publiée ce mercredi 19 mars par le journal Libération, après les plaintes déposées à l'encontre du Groupe Bernard Hayot (GBH) à la fin du mois de janvier 2025, le groupe est désormais suspecté de s'être affranchi des règles en matière de lobbying. Notre confrère révèle qu'une enquête a ainsi été ouverte officiellement le 21 février dernier par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) visant l'entreprise et certains de ses mandataires "pour de potentiels délits d'omission de déclaration d'activité de représentants d'intérêts".

Le signalement de Transparency International France

À l’origine de la saisine de la Haute autorité, l'ONG Transparency International France qui a signalé "le lobbying opaque" de GBH le 3 février 2025. Ce signalement s'appuie sur les propos publiés par Libération de l’ancien conseiller spécial du ministre délégué aux outre-mer François Carenco, Max Dubois, décrit le "lobbying intense" du Groupe Bernard Hayot (GBH), et souligne la "connivence politique" marquant ses interactions avec les autorités locales et nationales. Il affirme ainsi "Lorsque j’étais conseiller Spécial, j’ai vu Bernard Hayot venir huit fois en personne rencontrer le ministre".

Transparency International fait également état "d'autres sources plus anciennes" qui vont dans le sens d'un lobbying très actif. Pour l'ONG, ce type de contacts devraient être déclarés à la HATVP comme l'oblige la Loi Sapin 2 de juillet 2017 et devraient donc figurer dans le répertoire des représentants d'intérêts officiels.

Or, après des recherches approfondies dans le répertoire des représentants d’intérêts de la HATVP, nous n’avons pas trouvé d’enregistrement en tant que représentant d’intérêt du GBH ou d’une de ses composantes. La seule mention de GBH dans le répertoire concerne son affiliation de membre à la Fédération des entreprises des Outre-Mer. .

Signalement du 3 février 2025 de Transparency International France

La Fedom, seul représentant d'intérêts déclaré

La Fédération des entreprises outre-mer (Fedom) est en effet enregistrée comme représentant d'intérêts. En son sein, des organisations de type Medef et d'entreprises comme Total, Suez, CMA CGM et... GBH. Ces entreprises cotisent à hauteur de 30 000 euros par an en échange d'actions de lobbying auprès de parlementaires, de ministre ou de fonctionnaires. À la tête de la Fedom depuis quatre ans, Hervé Mariton, ancien ministre UMP de l'outre-mer en 2007. Il a tenu à relativiser le rôle de GBH auprès de Libération.

Ils (GBH) participent naturellement aux travaux de nos différentes commissions mais n'en président aucune. GBH ne tire pas les ficelles de la Fedom.

Hervé Mariton, président de la Fedom

Pour l'agence Transparency International France, deux absents de poids dans les déclarations officielles pourraient constituer un délit, l'Association martiniquaise pour la promotion de l'industrie (AMPI) créé par Bernard Hayot et le Comité martiniquais d'organisation et de défense du marché du Rhum (Coderum), desquels sont membres des entreprises du GBH et qui ont justement pour mission la représentation des intérêts de leurs adhérents notamment auprès des pouvoirs publics.