Une étude parue dans la revue scientifique "The Lancet" prévoit que le nombre de nouveaux cas de cancers de la prostate doublera entre 2020 et 2040 à l'échelle mondiale. Des données alarmantes qui concernent davantage les pays les moins riches du globe.
La Guadeloupe et la Martinique en première ligne
Deux territoires sont particulièrement sensibles à cette analyse. En effet, en Guadeloupe et Martinique, le cancer de la prostate est celui qui tue le plus.
Ce sont 500 à 600 nouveaux cas qui sont dépistés chaque année dans l'archipel. La cause la plus probable reste l'exposition aux pesticides. Le chlordécone étant le principal.
L'espérance de vie au centre de l'étude
"Selon nos conclusions, le nombre annuel de nouveaux cas va doubler de 1,4 million en 2020 à 2,9 millions en 2040", expliquent les auteurs de l'étude.
Cette progression s’expliquerait par "la hausse de l’espérance de vie et par des changements dans les pyramides des âges", avancent-ils.
Le cancer de la prostate, qui est le plus courant chez les hommes — 15 % de l’ensemble des cancers masculins —, se déclare en effet à plus de 50 ans dans la plupart des cas.
Aux Antilles, le taux d’incidence du cancer de la prostate est d’environ 220 cas pour 100 000 habitants par an. En France hexagone, ce taux est d’environ 90 cas pour 100 000 habitants par an.
La fréquence de cette maladie augmente fortement plus l’on avance en âge au-delà de ce seuil.
Or, un grand nombre de pays pauvres ou en voie de développement sont en train de rattraper partiellement leur retard d’espérance de vie par rapport à leurs homologues développés, ce qui devrait mécaniquement augmenter le nombre de cancers de la prostate.
Et "contrairement à d’autres problèmes d’ampleur, comme le cancer du poumon ou les maladies cardiovasculaires, on ne pourra pas éviter cette hausse des cas par des politiques de santé publique", relèvent les chercheurs.
En effet, les facteurs de risque du cancer de la prostate — hérédité, taille élevée, etc. — sont beaucoup moins évitables que, par exemple, le tabagisme pour le cancer du poumon. Seul un lien avec le surpoids a été établi, mais on ignore s’il y a un mécanisme de cause à effet.
Des cancers souvent repérés trop tard
Les auteurs de l’étude jugent néanmoins qu’il est possible de limiter la hausse des cancers de la prostate par différentes actions.
Ils prônent, par exemple, de viser des diagnostics moins tardifs dans les pays moins riches, constatant que les cancers de la prostate y sont souvent repérés trop tard pour agir efficacement.
Ils mettent en revanche en garde sur le risque de "surdiagnostic et surtraitement" dans les pays développés.