Depuis plusieurs années, la Belle Province attire beaucoup d’étudiants antillais. Les raisons sont multiples : même fuseau horaire, 3 heures de vols de nos îles, des universités reconnues, des cours dispensés en français et même, pour certains adeptes du changement d’air, les grandes étendues et le froid glacial ont de quoi attirer et séduire. De nombreux arguments plaident, donc pour des études au Québec.
Pour autant, obtenir les autorisations de rigueur n’est pas chose facile.
Fort à faire
Du côté négatif de la balance, il faut savoir que les démarches administratives sont fastidieuses, le coût financier d’une telle aventure est élevé, le délai de réponse est assez long et il y a toujours un risque de refus.
Khalil, un étudiant en mathématiques qui est passé par là, nous donnes quelques clés :
Pour des études qui commencent en septembre, il faut faire une demande d’admission avant le 1er mars de la même année. A la suite de cette demande d’admission, ils étudient votre dossier et vous disent si vous êtes accepté. A partir de là, il faut commencer à demander de certificat d’acceptation au Québec (CAQ). Ils étudient le dossier, pour vous dire s’ils acceptent que vous veniez vivre au Québec pour vos études. C’est un processus qui prend environ 3 semaines, en temps normal. Ils vérifient surtout si vous avez les moyens financiers et si vos ambitions sont vraiment d’étudier, d’obtenir votre diplôme, etc. Il faut un peu prouver aussi que vous êtes capable de quitter le Canada, juste après votre diplôme.
Khalil, diplômé en mathématiques au Québec
S’ensuit la demande de permis d’étude ; une succession de formulaires à remplir, de pièces à fournir, parfois en ligne, pour être en règle, jusqu’à l’arrivée sur place et l’obligatoire passage au service d’immigration.
Certains étudiants s’arrachent les cheveux.
Trois d’entre eux témoignent des galères qu’ils ont traversées, pour obtenir le droit de partir étudier au Québec.
Escale obligatoire dans l’Hexagone
Dès la classe de Terminale, le choix d’Alexandra était fait : elle visait une école de gestion au Québec. Un rêve réalisé il y a 3 ans ; la jeune femme, aujourd’hui âgée de 20 ans, y poursuit son cursus.
Mais à l’époque, pour obtenir son sésame d’entrée sur le sol canadien, elle a dû voyager, durant sa dernière année de lycée.
J’ai dû partir à Paris, prendre un billet aller-retour, pendant les vacances scolaires, parce que les données biométriques, pour rentrer au Canada, doivent être prises dans des bureaux spécifiques qui n’existent en France qu’à Paris et à Lyon.
Alexandra, étudiante au Québec depuis 3 ans
Or, depuis 2018, la collecte biométrique est obligatoire pour obtenir un Visa canadien.
Concrètement, on récolte vos empreintes digitales. Une démarche simple qui, finalement, est onéreuse pour un étudiant qui vit en Outre-mer.
Plus de couverture sociale au retour en France
Luane, Martiniquaise de 21 ans, est également passée par le voyage précité.
Désormais diplômée d’une licence en communication, obtenue à Montréal, elle évoque par ailleurs un souci de couverture sociale, à son retour au pays.
Pour avoir une sécurité sociale canadienne, c’est la RAMQ, il faut faire une demande. Une fois que tu es sur la RAMQ, tu n’es plus sur la sécurité Sociale française. Donc tu n’as plus de carte Vitale, en fait, en France. Si tu retournes en France, quand tu as fini tes études, il va falloir entamer des démarches pour en bénéficier à nouveau, mais seulement au bout de trois mois, car il faut passer trois mois sur le territoire, avant de pouvoir faire cette demande.
Luane, titulaire d’une licence en communication
Savoir convaincre, en cas d’échec passager
Les complications rencontrées par Khalil, qui a 24 ans, sont survenues pendant son cursus. Parti à Montréal pour étudier les mathématiques, son intégration a été plus difficile que prévue. Il a eu des échecs scolaires et a dû prolonger son séjour.
Sauf que son Visa ne lui avait été accordé que pour ses trois années de formation. Au moment de renouveler son permis d’étude, il a d'abord essuyé un refus.
J’ai dû refaire une demande de renouvèlement. J’ai fait une lettre vraiment détaillée, pour chaque cours, qui expliquait pourquoi j’avais eu des échecs. J’ai mis des lettres de mes professeurs, qui disaient que je faisais des progrès et j’ai demandé aussi des attestations d’un psychologue que j’ai vu deux fois la première année. Il faut vraiment qu’on mette le paquet sur les explications, sur les documents. Cette fois-ci c’est passé. J’ai eu mon CAQ*
Khalil, diplômé en mathématiques au Québec
Etudier au Québec, une aventure qui peut bien se terminer
Khalil est aujourd’hui diplômé et a obtenu son Visa de travail canadien.
Alexandra, elle, vient d’entamer sa dernière année à Montréal.
Quant à Luane, fraichement diplômée, elle est rentrée en Martinique, pour y apporter son expérience internationale.