Le permis de conduire à partir de 17 ans sera effectif dès janvier 2024

examen du permis de conduire
C'est Elisabeth Borne qui l'a annoncé ce mardi. Pour autant, la Première Ministre compte bien être "très attentive sur le niveau demandé" pour obtenir le permis. Une position affirmée pour répondre aux interrogations que ce permis à 17 ans commence à susciter

Pour Elisabeth Borne, une telle mesure doit permettre aux jeunes conducteurs d'être plus autonomes dans leurs recherches d'emploi et de formation. 

Le Président de la République avait affiché son intention de parvenir à un million d'apprentis par an d'ici à 2027. Et de fait, il ne souhaite pas que l'absence de permis soit un frein dans la réalisation de cet objectif.

Une décision aux contours politiques

Le gouvernement s'appuie aussi sur le fait qu'en Europe, d'autres pays pratiquent déjà cette disposition qui permet aux jeunes de 17 ans de passer leur permis de conduire. 

L'idée avait été portée en France dès 2019 par une députée de la majorité qui avait présenté cette demande à Edouard Philippe alors Premier Ministre. Le gouvernement avait alors choisi d'avoir recours à des expertises techniques et juridiques pour mettre en place cette mesure. 

La mise en œuvre de ce permis à 17 ans devrait particulièrement satisfaire les élus Républicains du Parlement particulièrement favorables à son application en France. Ils ont d’ailleurs déposé une proposition de loi en ce sens à l'Assemblée Nationale.

De fortes réserves émises par les experts

Il faut le dire, loin de susciter de l'enthousiasme, la décision du gouvernement cristallise les sceptiques et renforce tous les adversaires qui sont apparus depuis l'annonce de cette itention du gouvernement.

Si l'on excepte les risques d'engorgement pour le passage de ce permis sans l'augmentation du nombre des inspecteurs pour le faire passer, le premier argument mis en avant c'est celui du nombre de jeunes de 18 ans qui périssent sur les routes avec un permis encore tout nouveau en poche. 

Pour l'Observatoire national interministériel de la sécurité routièrece sont en effet les 18-24 ans qui comptent parmi les plus à risque lors des accidents de la route : 549 tués l'an dernier (soit 101 tués par million d'habitants de cet âge) et 2 739 blessés graves (soit 506 blessés graves par million d'habitants de cet âge). 

"Les jeunes à 17 ans sont-ils vraiment disponibles pour ça ?.. La prise de risque n'est pas la même, car leur cerveau est en construction."

Valérie Dijon, commandante de police à la retraite, intervenante en milieu scolaire aux côtés d'association de sécurité routière,

Un avis partagé par le syndicat des autos-écoles Mobilians. Il souhaite même qu'un temps d'expérience soit ajouté à la formation pour l'obtention du permis de conduite. 

Il faut rendre obligatoire le stage post-permis six mois après son obtention... Pour apprendre, plus on est jeune, mieux c'est. A 17 ans, on est moins mature qu'à 18 ans. Ce rendez-vous doit permettre d'évoquer les comportements dangereux sur la route, de faire de la sensibilisation"

Patrick Bessone, vice-président du syndicat Mobilians

 Pour autant, une telle formation post-permis existe déjà, elle permet aux jeunes titulaires du permis de conduire de réduire la période probatoire à l'issue de laquelle on obtient les 12 points. Mais elle reste très théorique. 

Il faut donc supposer que, derrière son intention d' "être très attentive sur le niveau demandé" Elisabeth Borne envisage de compléter cette mesure par un véritable apprentissage de la responsabilité. Un temps qui serait donc mis à profit pour s'assurer de la maturité des jeunes. 

Ils auront peut-être alors 18 ans quand avec un permis passé six mois plus tôt et éprouvé durant cette période d'accompagnement, ils pourront conduire en toute sécurité.

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