"Le peuple haïtien refuse de se laisser submerger par le désespoir" affirme le Président du conseil de transition à l'ONU

Edgar Leblanc Fils, Président du Conseil présidentiel de la transition d'Haïti, s'adresse au débat général de la 79ème session de l'Assemblée générale.
Malgré les épreuves auxquelles il est confronté, le peuple haïtien ne baisse pas les bras. C'est le message du Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, ce jeudi, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, citant la violence, l’instabilité politique, la précarité et la pauvreté qui sévissent dans le pays. Il a aussi appeler la France à reconnaître sa dette morale et historique et à mettre en place des réparations.

Ce jeudi, Edgard Leblanc Fils, le Président du conseil Présidentiel de transition d'Haïti, s'est exprimé devant l'assemblée générale des Nations Unies. Un discours attendu, compte tenu de la situation critique dans laquelle le pays est tombé depuis plusieurs mois. Selon lui,  la création de ce  Conseil présidentiel de transition, avec en son sein des organisations de la société civile et toutes les tendances politiques du pays, est le signe d'une volonté d’aller de l’avant.

La feuille de route du Conseil présidentiel de transition est claire : restaurer la sécurité publique, organiser des élections libres et transparentes à la fin de l’année 2025, et rétablir la confiance dans les institutions de l’État.

Edgard Leblanc Fils, Président du Conseil de transition

Il a rappelé qu'Haïti avait besoin de la communauté internationale pour réaliser ces objectifs.

S’il est de notre devoir, en tant que nation souveraine, de prendre en main notre destin et de surmonter les divisions, cette responsabilité n’incombe pas seulement à nous. La communauté internationale, l’ONU, les puissances étrangères qui ont souvent joué un rôle décisif dans l’histoire d’Haïti ont également un rôle essentiel à jouer dans ce processus.

Edgard Leblanc Fils, Président du Conseil de transition

Le retour à la sécurité, une priorité absolue

Mais c'est la sécurité qui aujourd'hui mobilise tout le monde en Haïti. La situation de violence, imposée par les gangs, est subie par la population depuis de longs mois. Les femmes, les enfants, personne n'est épargné. Les gangs ont aussi la main sur les camps de réfugiés qui accueillent les populations déplacées qui ont dû fuir la violence. Un cercle infernal où la violence et l'insécurité règnent en maîtres.

Cinquante pour cent des effectifs des gangs de la région de la capitale sont formés d’enfants et d’adolescents - filles et garçons. Le rétablissement de la sécurité nationale est donc une priorité absolue pour les autorités haïtiennes.

Edgard Leblanc Fils, Président du Conseil transitoire

Le chef du Conseil présidentiel de transition s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité de l'ONU d’autoriser le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, dont l’appui aux forces de sécurité nationales a déjà montré des résultats tangibles « même s’il reste beaucoup à faire ».

M. Leblanc Fils a néanmoins déclaré qu’il désirait « voir amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée en une Mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU », afin de sécuriser un financement plus stable, d’élargir les capacités de la Mission et de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti.

Hommage à la communauté haïtienne de Springfield

Au nom du peuple haïtien, M. Leblanc Fils a tenu également à "saluer fraternellement tous les amis d’Haïti qui ont fait preuve de solidarité envers les migrants de notre pays, en particulier ceux résidant à Springfield, dans l’Ohio, aux États-Unis", allusion aux propos de Donald Trump lors du débat pour les élections présidentielles américaines.

Il a souligné la longue histoire d’amitié et de solidarité réciproque entre les deux nations. Cela nous permet de dire avec confiance que le peuple américain rejette toute incitation à la haine contre notre communauté, a-t-il assuré. 

Reconnaissance de la dette coloniale

Enfin, dans son discours à la tribune, le Président n'a pas manqué de rappeler la dette "colossale" fixée par la France en 1825 contre la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti. Cette « rançon imposée sous la menace » a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir, a mis en exergue le Président du Conseil présidentiel de transition.

M. Leblanc Fils a demandé la reconnaissance d’une « dette morale et historique » et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées pour permettre à son peuple de « se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste ».

  • Retrouvez le discours d'Edgard Leblanc Fils à la tribune de l'ONU :