C’est un passage obligé lorsque survient un décès dans une famille : le déclarer au service d’état civil de la commune, qui établit l’acte de décès, et qui délivre aussi les documents nécessaires à l’organisation des obsèques (permis d’inhumer, ouverture de caveau, fermeture de cercueil, autorisation de crémation).
Depuis que sévit la quatrième vague de l’épidémie de COVID-19, ces services d’état civil sont très sollicités. C’est le cas tout particulièrement pour celui de la mairie des Abymes. Et pour cause : outre les décès de ses propres administrés, la ville la plus peuplée de l’archipel enregistre aussi tous ceux qui interviennent au CHU et dans les autres établissements de soins situés sur son territoire (Polyclinique, hôpital de Port Royal). Près de la moitié des décès enregistrés chaque année en Guadeloupe figure ainsi dans les registres de la ville des Abymes.
Des dizaines de déclarations chaque jour
Les statistiques depuis quelques semaines s’envolent. « C’est la première fois que je vois cela », souligne Marie-Josée Belaise, agent administratif en charge de la cellule décès. « Pour l’ensemble de l’année 2020, nous avons totalisé 1 419 décès. Et pour 2021, nous ne sommes qu’en août, et nous comptons déjà à 1 150 décès ! ».
Le service a dû ainsi se réorganiser pour traiter les dizaines de déclarations quotidiennes et pour recevoir les familles des défunts et les opérateurs funéraires, qui se chargent de certaines démarches administratives pour leurs clients. Tous les employés de l’état civil sont mobilisés pour prêter main forte à la cellule décès, qui compte habituellement deux agents, dont l’un souffre lui-même actuellement du COVID.
« L’autre jour, nous avons retiré 52 déclarations de décès, dans la boîte installée pour les pompes funèbres ».
« Pour respecter les gestes-barrière, les pompes funèbres déposent les déclarations de décès dans une boîte. Auparavant, nous avions une petite boîte (format A4) pour 4 ou 5 déclarations. Mais depuis la crise actuelle, nous avons dû prendre un grand carton, et l’autre jour, nous avons retiré 52 déclarations ! », explique Dolly Pradel, habituellement affectée au service courrier et venue renforcer la cellule décès.
« Le personnel est épuisé, physiquement et mentalement »
« Ce qui est pénible, c’est de partir chaque matin au travail en sachant que c’est pour traiter des décès", déplore Dolly Pradel.
Certains sont des gens que l’on connaît, et dont on apprend ainsi la mort. Cela fait mal.
Une collègue très malade
Le service d’état civil n’est pas épargné par la quatrième vague. « Nous avons une collègue à laquelle nous tenons beaucoup, affectée à la cellule mariage, et qui est actuellement très malade du COVID. Elle doit être évacuée », confie Dolly. « Cela fait beaucoup de stress. Si bien qu’avant hier, nous avons craqué ! », reconnaît la cheffe de service, Rita Pasbeau. Mais pas question de se laisser submerger, ajoute Marie-Josée Belaise : « même s’il y a de la tristesse, on ne le montre pas aux gens, sinon c’est mort ! On vient en gaieté et on travaille ! ».
Elles racontent leur quotidien à notre micro
Ecoutez les témoignages de trois agents du service d'état civil de la ville des Abymes : Dolly Pradel, Marie Josée Belaise et Rita Pasbeau ; trois femmes, qui derrière le côté administratif de leurs tâches, sont aussi très éprouvées par l'hécatombe que vit actuellement la Guadeloupe :
Témoignages