Le vaccin sans ARN messager, une fausse solution pour les partisans du choix vaccinal

Au cours de leur rencontre avec le gouvernement, les élus guadeloupéens ont émis des propositions afin de faciliter une sortie de crise sur le terrain. Au nombre d'entre elles, proposer aux soignants réticents à l'ARN messager un vaccin qui en est dépourvu. Une suggestion rejetée par le public visé

Recevoir un vaccin sans ARN messager. La proposition était dans toutes les conversations durant la manifestations des soignants à Dothémare ce mercredi. Comme tout le monde, ils l'ont entendue sur les différents médias et beaucoup ont alors eu le sentiment de ne pas être compris par les élus.
Un vaccin sans ARN messager pour des personnes qui sont foncièrement contre l'obligation vaccinale. Pour la plupart, ils rejettent automatiquement cette proposition. 

Saturnin Divialle, chirurgien dentiste au Moule, Martine Nicolo, chirugien dentiste au Gosier et Aqua, infirmière libérale au Moule

©Guadeloupe

Sur la forme, en faisant une telle proposition aux soignants réticents à la vaccination, le gouvernement avait la certitude de faire un pas en optant pour des vaccins qui ne sont quasiment plus administrés en France. Mais l'opposition des soignants réside en premier lieu dans la liberté du choix. 
De fait, avec ce nouveau vaccin, la vaccination reste une obligation. 
Sur le fond, il faut savoir que les vaccins sans ARN Messager sont des vaccins conçus de manière plus classique à partir de vecteurs viraux. Ce sont essentiellement les vaccins des marques AstraZeneca etJohnson&Johnson. Leur démarche de composition est la suivante : Un virus atténué spécialisé (= vecteur) est utilisé pour véhiculer les éléments nécessaires à la future protection (la ou les protéine(s) d'intérêt et/ou sa ou leurs séquence(s) génétique(s)) jusqu'aux cellules et ainsi les exposer au système immunitaire.

Un problème d'ARN messager qui se posera forcément pour les doses supplémentaires

Il faut savoir en effet que le vaccin Janssen ne prévoyait au départ qu'une seule dose. Toutefois, pour une protection plus efficace, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande maintenant un rappel (2e dose) avec un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna), à partir de 4 semaines après la première injection

S'agissant du vaccin AstraZeneca, le problème est encore plus complexe. En effet, considéré comme moins efficace par le gouvernement, le contrat du vaccin britannique n'a pas été renouvelé après le mois de juin. Pour autant, pour les quelques 500 000 personnes qui l'ont reçu en première dose, la Haute autorité de santé (HAS) recommande de se faire injecter un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna) en seconde dose. 

Voir : Covid-19 : vous avez été vacciné avec l'AstraZeneca, on répond à vos questions sur la deuxième dose

Il restera toujours la perspective du vaccin français de Sanofi. A l'heure actuelle, le vaccin développé par Sanofi et GSK est toujours en phase de test. Après l'arrêt des recherches sur un vaccin à ARN messager, le laboratoire pharmaceutique français espère s'insérer sur le marché de la dose de rappel, avec une arrivée sur le marché début 2022.
Autre perspective, les vaccins cubains d'une même nature. Encore faudrait-il que la France les accepte et que les éventuels candidats à une vaccination sans ARN messager soit favorables à un tel vaccin.
(Voir : Les vaccins cubains contre la Covid-19 bientôt disponibles aux Antilles ?)

C'est dire que, s'engager aujourd'hui sur une solution de vaccin sans ARN messager pour emmener les soignants réticents à l'obligation vaccinale à se faire vacciner, pose en soi plus de problèmes qu'elle n'en résout. Mais cela ne manquera pas d'être souligné quand les discussions commenceront vraiment.