"Les abandonner c'est les condamner", en Guadeloupe les abandons d'animaux sont toujours aussi nombreux

Abandonnés puis sauvés et adoptés en Guadeloupe, Gaston, Bonnie et Nina coulent des jours heureux dans leur famille
Face à l'urgence des abandons, des collectifs et associations œuvrent en faveur de la protection animale grâce aux dons de particuliers. L'une d'elles, le COPA-Guadeloupe et dépendances sauve des centaines d’animaux chaque année. Il les recueille, nourrit, soigne, stérilise et leur trouve, difficilement, une famille d’accueil en Guadeloupe. Toutes les structures en font l'expérience, le plus souvent, les animaux doivent partir dans l’Hexagone pour être adoptés.

Il y a urgence ! Les associations mobilisées pour la protection des animaux en Guadeloupe ne savent plus comment faire face, aux nombreux abandons et parfois à la maltraitance, sur l'archipel. Les animaux sont abandonnés sur la route, sur un parking, dans un fossé, certains étant âgés de quelques jours. Ceux qui ont de la chance, comme Gaston, Bonnie ou Nina, iront vivre dans une belle famille.

En 2024, 540 chiens et chats ont été recueillis par le refuge SPA Papillon, avec une belle évolution puisque 62 ont été adoptés en Guadeloupe. Les autres sont partis dans l’Hexagone pour être adoptés. Le COPA-Guadeloupe et dépendances (Collectif Outre-mer de Protection Animale), est l'une des associations les plus dynamiques. Elle aussi, organise régulièrement des départs en fret, de chiens et de chats, à destination d'associations partenaires, en vue d'une adoption. En 2024, 1217 chiens et chats sont partis, grâce à elle, trouver des familles dans l'Hexagone.

De nombreuses adoptions dans l'Hexagone

Kellog's et Krispy sont deux bébés chats, nés en Guadeloupe. Sauvés puis parrainés, ils ont été adoptés ensemble, par l'intermédiaire de l'association Truffes sans Toit à Massy dans l'Essonne, une association qui collabore avec le COPA.

Si les adoptions dans l'Hexagone sont réalisées grâce à des associations partenaires, parfois, ces dernières rencontrent des difficultés. Ainsi le Refuge Molosse Land est contraint de fermer ses portes pour des raisons financières et humaines. De nombreux chiens créoles abandonnés en Guadeloupe ont été adoptés grâce à ce refuge. Sa fermeture est un débouché de moins pour les petits créoles à quatre pattes.

Des sauvetages grâce aux dons

Au COPA-Guadeloupe, tout est financé par des dons de particuliers. Un animal abandonné est repéré, il est placé en famille d'accueil, un appel au parrainage et au don est lancé sur Facebook puis sans possibilité d'adoption locale, le départ de l'animal est programmé.

En 2024, le COPA a permis l'adoption de 57 animaux en Guadeloupe. L'association gère également en permanence le sauvetage d'environ 200 chiens et chats, tous les mois, qui sont encore dans des familles d’accueil avant des placements ou des départs pour l'Hexagone.

Les adoptions en Guadeloupe sont compliquées selon Cécile Vaïsse, cofondatrice du COPA Guadeloupe. Aujourd'hui les gens qui ont de faibles moyens ne sont plus aidés pour la stérilisation de leur animal. Or vacciner ou stériliser a un coût.

C'est compliqué car on demande pour une adoption que l'animal soit stérilisé, vacciné et surtout qu'il ait des conditions de vie correctes. Si l'on voit par exemple que le chien va être attaché toute la journée ou que le chaton de deux mois va être laissé dehors sans sécurisation, on va refuser l'adoption.

Cécile Vaïsse, cofondatrice COPA Guadeloupe et dépendances

Des abandons sans respect de l'animal

Des chiots et des chatons abandonnés devant le refuge du Papillon de la SPA ou des animaux adultes craintifs qui errent vers l'aéroport, c'est quelque chose que la responsable Emilie Cheval voit trop souvent. "Nous avons comme cela deux à trois animaux abandonnés par mois devant le refuge. Parfois cela peut aller jusqu'à 8 ou des portées qu'on nous laisse dans des cartons".

Emilie Cheval, nouvelle responsable du refuge Papillon de la SPA

On s'est retrouvé avec des chiots et des chatons de deux jours, c'est complètement irrespectueux de l'animal. Soit on stérilise son animal, soit on assume au minimum la mise au monde jusqu'au sevrage des petits ou alors on amène la mère avec. Seuls, les bébés ont très peu de chance de survie.

Emilie Cheval, responsable du refuge SPA Papillon

Vous tenez à votre animal de compagnie, identifiez-le !

En Guadeloupe, trop de propriétaires n’effectuent pas l’identification de leurs chiens et chats. Leurs animaux de compagnie n’apparaissent donc pas dans le fichier national d’identification (Icad = identification des Carnivores Domestiques). Et ce sont autant d’animaux susceptibles de divaguer, d’être volés et jamais retrouvés. Ainsi beaucoup de chiens errants se sont perdus loin de chez eux mais leur propriétaire n'a pas pu être retrouvé.

La puce est la seule chose qui relie le propriétaire à son animal. La puce ne peut pas tomber puisqu'elle est dans l'animal. C'est très important, sans puce on ne peut pas retrouver le propriétaire.

Emilie Cheval, responsable du refuge SPA Papillon

Sans Icad, pas de lutte contre le trafic d’animaux, pas de gestion sanitaire, pas de contrôle des mouvements d’animaux, pas de recherche d’animaux perdus. Pourtant, l’I-CAD est obligatoire.

Gaston le chat a été trouvé sur la route âgé d'une semaine. Nina,1 an, a été trouvée sur la route de la traversée. Aujourd'hui ils sont adoptés par la même famille.

Face à l'abandon des chiens et des chats en Guadeloupe, la prise de conscience et la mobilisation de tous sont plus que jamais nécessaires. Wouf* ! Miaou* !

(*J'ai dit !)