Les pluies sont rares dans le Nord Grande-Terre. Les réserves d'eau agricole s'amenuisent. Les gestionnaires de cette ressource sont contraints de l'économiser, via des coupures récurrentes. Mais pour les agriculteurs en bout de réseau, le manque de pression est synonyme de double peine.
Les effets de la sécheresse se font sentir, dans le Nord Grande-Terre. La terre y est aride, au détriment particulièrement des agriculteurs, qui vivent là un énième coup dur.
S'ajoute à cette calamité le manque de pression, pour ceux qui se situent en bout de réseau d'eau agricole.
Faute d'eau agricole, les pertes sont importantes
L'exploitation de Fabrice Ramalingon, agriculteur au Moule, fait peine à voir.
La terre est craquelée.
Assoiffés, les bananiers se sont pliés, avant que les régimes n'arrivent à maturité ; la récolte, invendable, est perdue.
Idem, les pieds de tomates sont brûlés.
L'eau agricole manque. Et quand il y en a, la pression fait défaut. Les tuyaux ne déversent qu'un minuscule filet d'eau. Il n'y a pas là de quoi arroser l'ensemble des parcelles et sauver les productions.
Il n'y a pas de pression. L'eau n'arrose pas, parce que ça doit remplir la gaine, pour dégoutter. Mais quand il n'y a pas de pression là, ça ne peut pas arroser les champs.
Pour sauver le peu qui peut l'être, l'agriculteur abandonne certaines parcelles, au profit de celles qui peuvent être irriguées.
De quoi sauver quelques plantations.
Cette année, donc, Fabrice Ramalingon aura quelques tomates et des piments végétariens, là où l'eau arrive, sur les deux à trois heures quotidiennes où l'eau n'est pas tout bonnement coupée.
Pour lui, cette situation est synonyme de déboire supplémentaire :
Depuis l'année dernière, on a subi le Covid-19, on a subi la sécheresse, on a eu les intempéries... et là ça continue...
L'année dernière, la sécheresse avait été tout aussi sévère.
Difficile gestion de la ressource
Le service rendu, par les opérateurs de l'eau agricole, diffère, selon là où les abonnés se trouvent sur le réseau, au début ou en bout de chaîne.
C'est ce qu'explique Cyrille Hammouda, directeur général de Karukér'O, qui nous montre, par ailleurs, les effets de la sécheresse sur les réserves d'eau, au niveau du barrage de Letaye, au Moule :
Ce n'est pas une volonté de ne pas donner à certains (...). On est obligés de gérer la ressource globalement, dans le temps.
Le barrage de Letaye a une capacité de 700.000 m3 d'eau, en temps normal. Mais le niveau a considérablement baissé, ces dernières semaines, depuis que la sécheresse sévit.
Pour autant le volume n'a pas encore atteint un niveau critique... mais cela ne saurait tarder, si la pluviométrie n'augmente pas durant le mois de juin, selon Rosaline Bredent, directrice d'agence de Karukér'O :
Nous sommes là pour gérer cette ressource et permettre de pouvoir tenir au moins jusqu'à la fin du mois de juin.
Parce qu'après ce sera compliqué. Là on a une sécheresse vraiment très marquée.
La situation était pire l'an dernier, explique Rosaline Bredent :
Dès le 15 mai 2020, on était dans une situation de rupture. Cette année, nous sommes à fin mai/début juin, nous ne sommes pas encore dans cette situation. Nous l'envisageons pour le mois de juin.
Fabrice Ramalingon, quant à lui, est au bord de la faillite.
Après deux années consécutives de coups durs, il ne sait pas s'il va pouvoir continuer son activité.
Diaporama du barrage de Letaye, au Moule