Selon le directeur des douanes de Guadeloupe, Philippe Richard, ses services ont saisi "quelque 700 kilos de cocaïne chaque année sur les 5 dernières années, sur un peu plus d'une tonne de stupéfiants en moyenne", même si l'année de la pandémie (2020-2021) a entraîné un sérieux ralentissement des saisies.
Une recrudescence du phénomène de mules en Guadeloupe
"On trouve aussi de la drogue dans les bateaux de plaisance, à la Poste sous forme de colis, que l’on détecte grâce au chien et depuis que les contrôles ont été massifiés en Guyane fin 2022, on assiste à une recrudescence du phénomène de mules", assure le douanier.
Seize personnes ont en effet été interpellées depuis le début de l’année, avec de la drogue in corpore, "malgré les dangers que cela représente pour la santé", selon le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins.
"Avant 2022, on avait très, très peu de cas, mais depuis que les vols internationaux sont très contrôlés en Guyane, on voit qu'une nouvelle route par les vols interrégionaux semble se dessiner», explique le procureur, précisant qu'«on est pas totalement sur une déferlante".
Les conteneurs passés au crible au scanner
L'agrandissement prévu du Grand Port Maritime, qui "devrait passer de 250 000 conteneurs (...) à près de 450 000 par an", fait également craindre de nouvelles opportunités pour les trafics. La douane va donc s'équiper d'un scanner qui «permettra d'accroître les contrôles» pour lutter contre l'augmentation du trafic de drogue, selon Philippe Richard.
La raison de cette augmentation, "c'est le changement des règles internationales du commerce maritime et la mise aux normes environnementales des porte-containers qui obligent les bateaux à grossir", explique Jean-Pierre Chalus, le directeur général du Grand Port Maritime de Guadeloupe, par où transite la quasi-totalité de tout ce que consomment les Guadeloupéens.
"Par conséquent, on doit adapter le port aux nouveaux besoins logistiques des armateurs qui changent aussi leurs lignes de fret", détaille-t-il.
Le Port prévoit des travaux sur le quai qui recevra notamment les mastodontes de CMA CGM, principal armateur qui dessert les Antilles. Actuellement, pour traquer la drogue dans les containers, les douaniers tentent de "cibler les fouilles". "Un bateau qui vient de Colombie, en général on va ouvrir quelques containers", sourit le chef des douanes de Guadeloupe. "Mais cela prend un temps fou".
"Le scanner, qui devrait se présenter sous forme de camionnette, doit permettre d’aller beaucoup plus vite sur ces contrôles" se satisfait-il, d’autant que la machine, pour laquelle "plusieurs calendriers ont été annoncés" depuis 2022, arrivera finalement d’ici à la fin des travaux (prévus pour 2025) et donc avant le déferlement des marchandises.
En 2022, plus de 2 tonnes de cocaïne saisies
"La France est directement affectée par l’offre colombienne par le biais de ses régions d’Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane), qui sont également des zones de transit vers le marché hexagonal et européen", d’après un rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
Ainsi, le 6 juin, un réseau de trafic de cocaïne a été démantelé en Guadeloupe : 14 personnes ont été arrêtées dans l’archipel et dans l’Hexagone et les enquêteurs ont évalué la quantité saisie à près de cinq tonnes.
Fin 2022, un important réseau avait également été démantelé entre la Guadeloupe et la région strasbourgeoise.
Au total, sur l’année 2022, 2,24 tonnes de cocaïne et 638 kg de résine de cannabis ont été saisis par la Police nationale en Guadeloupe.
"Au niveau international, rappelle le directeur des douanes de Guadeloupe, on estime qu’on saisit 8 à 10 % de la drogue en circulation dans le monde".