Les choses reviennent progressivement à la normale au Brésil. Il faut maintenant faire disparaître les traces des émeutiers qui avaient décidé ce dimanche 8 janvier 2023, d'occuper les principales institutions de l'Etat brésilien, la Cour suprême, le Congrès et le palais présidentiel). Il s'agissait avant tout pour eux de faire surgir au grand jour leur idéologie conspirationniste en dénonçant ceux qu'ils appellent les "élites mondialistes" dont Lula et ses soutiens sont les symboles. Des émeutiers qui croient pouvoir vivre un jour le "grand soir", le moment où l'armée brésilienne interviendrait pour mettre un terme au mandat qu'ils estiment illégitime du président Lula et établir les conditions du retour au pouvoir de Jaïr Bolsonaro.
Observatrice avertie de l'actualité brésilienne et de la vie politique de son pays d'origine, Deize Melo vie en Guadeloupe depuis 8 ans où elle est consultante en gestion de l'innovation. Comme tous les Brésiliens, cette tentative de coup d'Etat ne la laisse pas insensible.
De nombreuses questions se posent encore quant à la facilité de l'occurrence des évènement de ce dimanche. Comme lors de l'invasion du Capitole aux Etats Unis, le positionnement de certains cadres de l'armée , de la police ou encore des autorités locales, rappelle les possibilités actuelles de nuisance de l'ancien président du Brésil.
Même si, il est vrai, ces mêmes évènements risquent de contribuer à l'affaiblissement de son influence.
Pour l'universitaire Gaspard Estrada directeur exécutif de l'OPALC,
"Ces autorités, proches de Bolsonaro, font preuve de négligence depuis plusieurs mois par rapport à ces manifestations proches des casernes. C'est la raison pour laquelle un juge de la cour suprême a limogé l'un des gouverneurs fédéraux...Ce qui était prévisible, c'est qu'une frange radicalisée du mouvement bolsonariste rêvait d'en découdre...De ce point de vue-là, c'était une suite logique. Ce qui surprend davantage, c'est le manque de coordination et de préparation, on a vu qu'il n'y avait pas de force politique derrière. Aujourd'hui, je pense que le bolsonarisme sera encore plus fragilisé à la suite de ces manifestations, d'autant plus que son leader n'est même plus au Brésil, il a quitté le territoire. Cela va encore renforcer l'isolement de Bolsonaro."
Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes de Sciences Po Paris.
Entretien accordé à France Inter
Pourtant, Deize veut encore croire en des lendemains meilleurs pour le Brésil et pour le continent Sud Américain