Les changements climatiques auront des conséquences pour l'Archipel guadeloupéen

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Une information donnée par le site NOWU, (Prononcez Now You) un média numérique de France Télévisions et la Westdeutscher Rundfunk à destination des jeunes sur l’environnement qui a pour vocation de sensibiliser les jeunes européens – entre le secondaire et la vie active – aux enjeux liés au changement climatique et à la perte de la biodiversité. En l'occurrence, il s'intéresse cette fois aux conséquences de ces changements pour la Guadeloupe.

Aux Antilles françaises (donc ça concerne aussi la Martinique et les Îles du Nord), les températures augmenteraient de +1,5 à +2°C d’ici 2055, et de +2,5 à +3,5°C d’ici 2080 pour la saison sèche. Pour la saison humide, ce serait presque la même chose mais l’augmentation serait 0,5°C moins forte.

Les vagues de chaleur seraient aussi plus fréquentes qu’aujourd’hui.

La Guadeloupe risque de s’assécher un peu dans les décennies qui viennent, mais pas de la même manière selon les saisons, les zones géographiques et même les périodes :

  • Les zones littorales sous le vent (celles du côté de la mer des Caraïbes, donc à l’ouest, moins exposées au vent) sont plus concernées que les zones montagneuses.
  • En saison sèche, l’assèchement sera plus fort d’ici 2080.
  • Alors qu’en saison humide, il le sera plus autour de 2055 que de 2080.

Les fortes pluies seront aussi moins fréquentes alors que des sécheresses se produiront plus régulièrement. Concrètement : le nombre de jours où les précipitations dépassent 10 mm va passer de 2 à 7 journées/an, alors que les épisodes de 4 jours ou plus sans pluie vont arriver plus souvent.

Comment vont évoluer les cyclones ?

Côté cyclones, les projections sont difficiles, donc tout est à prendre avec des pincettes. Mais on sait que la fréquence des cyclones ne devrait augmenter que très localement, mais les ouragans intenses (catégorie 4 et 5) devraient être plus nombreux dans le bassin Atlantique d’ici 2080, et les pluies cycloniques pourraient aussi augmenter, tout comme la houle cyclonique (les vagues quoi).

Selon Météo-France, « si des ouragans majeurs comme Hugo (1989) ou Maria (2017) devaient se reproduire à la fin du siècle, [...] en Guadeloupe les vagues les plus hautes pourraient croître de 20 à 40% dans le Grand-Cul-De-Sac-Marin ». Ça accélérerait aussi l’érosion.

Comment la Guadeloupe sera touchée par la montée des eaux ?

La Guadeloupe étant constituée de plusieurs îles, elle va forcément être impactée par l’élévation du niveau des océans 😬

Des zones basses pourraient être inondées de manière permanente, déjà. Mais en plus, en cas de tempête ou de cyclone, le niveau de la mer augmente encore et pourrait donc causer des dégâts là où les pentes sont faibles.

Ça pourrait être le cas particulièrement au niveau du Grand-Cul-De-Sac-Marin, comme tu peux le voir sur cette carte :

Ces évolutions dépendront aussi de la préservation des écosystèmes littoraux comme les récifs coralliens, mangroves et herbiers marins qui bien préservés peuvent atténuer ce phénomène 🤝

Et la biodiversité ?

Des écosystèmes riches mais menacés

La Guadeloupe abrite une grande diversité d’écosystèmes sur terre et en mer : des savanes d’altitude, des forêts tropicales et humides, des récifs coralliens, des forêts de mangroves et des herbiers marins… 👀

Certains de ces écosystèmes pourraient être impactés par le changement climatique de différentes manières : par exemple avec la montée des eaux, les espaces marécageux coincés entre la côte et les infrastructures humaines ne vont pas pouvoir « reculer » sur la côte pour être préservés.

Côté océans, on peut citer par exemple les épisodes de blanchiment des coraux dûs à de multiples facteurs parmi lesquels l’augmentation de la température de l’eau 😔

Le problème des sargasses

Autre phénomène récent causé entre autres par le changement climatique : les sargasses, aka des algues brunes flottantes qui viennent de la Mer des Sargasses (quel choc), ont commencé à proliférer et s’échouer sur les côtes guadeloupéennes (et sur de nombreux territoires des Caraïbes).

« En 2011 il y a eu un changement fort dans les courants océaniques liés au changement climatique, et les sargasses ont commencé à proliférer de manière invasive : il y a 2 nouvelles poches d’accumulation à l’embouchure de l’Amazone et au large du fleuve Congo, en plus de la Mer des Sargasses. »
Mélanie Cueff, Ingénieure sargasses à l’ADEME

Ces algues invasives posent un paquet de problème :

  • Lorsqu’elles s’échouent, elles fermentent et relarguent des gaz toxiques (hydrogène sulfuré et ammoniac) : ils peuvent causer des cas de pré-éclampsie* chez des femmes enceintes, des mots de tête et picotements des yeux, même si plus de recherches sont nécessaires pour vérifier les conséquences d’une exposition chronique.
  • Elles asphyxient la vie marine : « Des tortues se retrouvent bloquées dans les sargasses. En couvrant la surface océanique elles privent de lumière les milieux qui sont dessous, comme les herbiers marins, ce qui les fait disparaître. Elles asphyxient aussi les mangroves » explique Mélanie Cueff.
  • Les plages sont aussi abîmées parce qu’on ramasse majoritairement ces algues avec des engins BTP : dans ce qu’ils ramassent, on retrouve jusqu’à 30% de sable.
  • Ça a un impact sur le tourisme, mais aussi sur les activités économiques en mer car les ports sont parfois bloqués.

Malheureusement, ce phénomène est parti pour durer d’après Mélanie Cueff. Aujourd’hui, pour y faire face, « on installe là où c’est possible des barrages pour les collecter à quelques centaines de mètres des côtes, ce qui permet de ne pas abîmer les plages et de valoriser les algues ».

Valoriser ces algues, ça veut dire en faire autre chose, et pour l’instant plusieurs pistes sont étudiées : méthanisation, biomatériaux isolants pour les maisons, biocharbons de dépollution pour lutter contre le chlordécone

Lutter contre le changement climatique en Guadeloupe : y a des solutions ?

  • Comme pour le reste du monde, il faudrait pouvoir freiner le changement climatique. Ça passe notamment par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et pour ça le GIEC a fait de nombreuses recommandations 🤓
  • Il est aussi nécessaire de s’adapter, car les effets du changement climatique sont déjà là. Certaines pistes qui pourraient être explorées en Guadeloupe concernent notamment la restauration et la préservation des écosystèmes, par exemple des mangroves qui permettent de faire barrage face à l’océan !