Astrid et sa famille se lèvent toujours très tôt le 1er janvier. Il faut tout mettre en œuvre pour faire la traditionnelle "soupe joumou". Les mains n'hésitent pas. Et chacun sait ce qu'il a à faire. Alors dans un élan commun, les tranches du giraumon se préparent à mijoter dans la marmite avec le bœuf, les pommes de terres, les bananes plantains, le persil, les carottes, le chou vert, le céleri et les oignons. L'ail, les herbes et les épices viendront relever tout cela.
Plus qu'un acte culinaire, un geste citoyen.
C'est que cette soupe a une valeur historique mais aussi politique pour tous les Haïtiens. et ceci, depuis le , jour de l'Indépendance du pays. Ce jour-là, la femme de Jean-Jacques Dessalines, figure de proue de la révolution haïtienne, autorise la consommation de cette soupe à tous, aux anciens esclaves comme aux passants afin de montrer à la France et au monde qu'Haïti était désormais composé d'un peuple libre et indépendant !
Et depuis, quand ils consomment cette soupe, les Haïtiens du monde entier se souviennent du jour où, aux Gonaïves, les pères fondateurs de leur révolution avaient donné lecture de l'acte de l’indépendance.
Depuis le , la "soupe Joumou" fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, déclarée comme tel par l'Unesco.
Mais dans le coeur des Haïtiens, elle est et demeure cet élément fédérateur de leur histoire qui fait qu'un jour du temps, le 1er janvier de chaque année, ils sont un seul et même peuple à travers le monde et en Haïti.