Le super sans plomb vendu aux pêcheurs guadeloupéens sera désormais de l’ « essence marine », et le gazole du « marine gasoil ». Ce sont ces nouvelles nomenclatures douanières qui permettent la baisse des prix, obtenue après le blocage du chenal de Pointe-à-Pitre.
Les marins-pêcheurs de Guadeloupe sont retournés à leurs nasses et à leurs lignes de traîne, après l’accord trouvé samedi 12 juin avec la SARA (Société de raffinerie des Antilles) et l’Etat. Les trois jours et demi de mobilisation, avec le blocage du chenal de Pointe-à-Pitre, ont permis à ces professionnels de la mer d’obtenir une baisse de 40 centimes sur le prix du litre d’essence détaxé et de 24 centimes sur celui du gazole détaxé. Alors comment ces baisses ont-elles été rendues possibles ? En changeant les nomenclatures douanières des carburants. En clair, la SARA peut désormais vendre aux pêcheurs des carburants "marins".
Au delà de la détaxe, de nouveaux codes douaniers
Jusqu’à présent, les marins-pêcheurs de Guadeloupe bénéficiaient d’un seul avantage, sur le prix des carburants : l’exonération des taxes. Ainsi, le litre d’essence détaxée (colorée en bleu pour éviter les fraudes) leur revenait en ce mois de juin à 1,04€, au lieu d’1,64€ pour le grand public. Mais le prix de ce super sans plomb était fixé par le préfet, tout comme celui du gazole classique et du gazole non routier. Désormais, les pêcheurs de l’archipel ont donc accès aux carburants marins : le « marine gasoil » et l’ « essence marine », deux nomenclatures spécifiques qui n’entrent pas dans la catégorie des produits pétroliers réglementés.
C’est la SARA qui en déterminera les tarifs, à partir des cotations internationales. L’important marché mondial de ces carburants dédiés aux transports maritimes et à la pêche permet des prix plus bas. Le litre d’essence marine coûtera ainsi 64 centimes au lieu d’1,04€, et le marine gasoil 74 centimes au lieu de 98. La SARA a promis dans un premier temps de figer ces tarifs jusqu’au 31 août 2021. Car sur le marché mondial, les cours des carburants marins sont revus tous les dix jours. C’est pourquoi, selon l’accord conclu samedi, un comité de suivi va se pencher sur une méthode qui permettra de contenir les effets d’une variation du coût de l’essence marin et du marine gasoil.
Guadeloupe, Martinique, Guyane : mêmes nomenclatures
Mais pourquoi n’avoir pas vendu plus tôt ces carburants marins ? D’autant que les pêcheurs de Martinique bénéficient depuis plus de quinze ans du marine gasoil. La direction de la raffinerie affirme avoir sollicité, il y a plus de trois mois, les services douaniers, pour qu’ils autorisent le même système en Guadeloupe et en Guyane. Le blocage du port de Pointe-à-Pitre a conduit l’Etat à donner son aval, pour le gazole, mais aussi pour le sans plomb, puisqu’en Guadeloupe, les saintoises fonctionnent essentiellement à l’essence (moteurs hors bord).
La mobilisation des pêcheurs guadeloupéens va donc servir aussi leurs collègues martiniquais et guyanais, puisque sur les trois territoires, le carburant bleu sera désormais vendu comme « essence marine », et le rouge comme « marine gasoil ». Les codes douaniers changent, et les prix avec. Les produits eux restent les mêmes…