Les violences sexuelles se "généralisent" en Haïti, sans accès aux soins, dénonce Human Rights Watch

Des enfants dorment par terre dans une école, où les habitants du quartier de Nazon, déplacés par la violence des gangs, ont cherché refuge, à Port-au-Prince (Haïti) - 14/11/2024.
Les femmes et les mineures victimes de violences sexuelles, en Haïti, se comptent par milliers. Le nombre d’enfants qui dénoncent de tels abus a augmenté de 1000% en un an. Des chiffres dont s’alarme Human Rights Watch, d’autant que la plupart des cas ne sont pas connus. L’ONG appelle aussi à un renforcement des moyens de prise en charge médicale des victimes des gangs ultraviolents, qui agissent en toute impunité.

Les violences sexuelles sur les femmes sont en train de se "généraliser" en Haïti. Dans le même temps, l'accès aux soins se raréfie, sur fond de flambée des attaques des gangs armés sur la population civile. Le double constat, dressé ce lundi 25 novembre 2024 par l’Organisation non gouvernementale Human Rights Watch est alarmant.

Une majorité de victimes de violences sexuelles silencieuses

Selon l'ONG, 4000 femmes, adultes et mineures, ont rapporté avoir subi des violences sexuelles, entre janvier et octobre. Le nombre de cas dans lesquels les enfants sont victimes a augmenté de 1000%, par rapport à la même période en 2023, ajoute-t-elle, citant des chiffres de l'ONU. Pourtant ces chiffres ne sont que le sommet de l’iceberg ; la plupart des cas restent sous silence, selon Human Rights Watch.

Les groupes criminels ont souvent utilisé les violences sexuelles pour provoquer la peur sur des territoires rivaux. Les affrontements entre ces groupes ont diminué en 2024, mais les attaques sur la population, la police et contre les services clés ont augmenté, y compris à travers la généralisation de ces violences sexuelles.

Extrait du communiqué de Human Rights Watch – 25/11/2024.

Depuis fin février, Haïti, pays pauvre déjà plongé dans des années de crises, fait face à une flambée d'attaques de gangs, accusés de meurtres, d'enlèvements et de violences sexuelles à grande échelle.
Ces gangs, qui contrôlent environ 80% de la capitale Port-au-Prince, s'en prennent régulièrement aux civils malgré le déploiement cette année d'une mission multinationale d'appui à la sécurité, menée par le Kenya et soutenue par l'ONU.

Des victimes privées des soins adéquats

L'État de droit en Haïti est tellement en miettes que des membres de groupes criminels violent des filles ou des femmes sans craindre aucune conséquence.

Nathalye Cotrino, chercheuse sur les crises et les conflits à Human Rights Watch

L'organisation a mené des dizaines d'entretiens à Port-au-Prince et à distance.

De nombreuses victimes subissent les effets des abus physiques et des mauvais traitements ou finissent enceintes, sans avoir accès à des services médicaux, psychosociaux ou juridiques, même celles qui contractent des infections sexuellement transmissibles, ce qui est le cas pour un grand nombre de victimes, en particulier le VIH.

Nathalye Cotrino, chercheuse sur les crises et les conflits à Human Rights Watch

L'organisation appelle la communauté internationale à "augmenter de toute urgence le financement de programmes complets de soutien aux victimes de violences sexuelles" et à octroyer aux autorités les "ressources nécessaires pour rétablir l'Etat de droit, assurer une sécurité de base et reconstruire les systèmes de santé et de justice".