"Lire pour en sortir", une association qui œuvre à la réinsertion des personnes incarcérées par la lecture

L'association propose aux détenus des temps d’échange autour de livres, des ateliers, des concours d’écriture, des rencontres avec des auteurs.
L’heure est au bilan 2023, pour l’association "Lire pour en sortir", présente en Guadeloupe depuis 2021. Avec seulement deux équipes de bénévoles (pour le moment), cette structure peut se vanter d’avoir beaucoup œuvré auprès des détenus de Baie-Mahault et de Basse-Terre. Des temps d’échange autour de livres, des ateliers, des concours d’écriture, des rencontres avec des auteurs ont été organisés, notamment.

En deux ans de présence dans l’archipel, les acteurs de l’association "Lire pour en sortir" ont déjà fait beaucoup pour les personnes incarcérées en Guadeloupe. Les bénévoles de cette structure travaillent à la réinsertion des détenus, par la lecture, l’écriture et l’expression orale.

Bon bilan 2023 en Guadeloupe

En 2023, les deux équipes qui œuvrent dans les deux établissements pénitentiaires du territoire ont suivi, en séances individualisées de lecture, près de 300 hommes, femmes et mineurs.
L’association a aussi acheté et offert plus de 1000 livres à l’intention de ce public, l’an dernier.

Plusieurs activités culturelles ont, par ailleurs, été organisées en détentions : des rencontres avec de grands auteurs, des ateliers de bandes dessinées (BD), ou encore des concours d’écriture. Un évènement spécifique avait notamment été proposé aux femmes incarcérées à Baie-Mahault, autour de la Journée internationale des droits des femmes.

Ce bilan annuel fait honneur aux intervenants. Il a été présenté à Marie-Pierre Lacabarats, la directrice générale de l’association, actuellement de passage en Guadeloupe, jusqu’au 16 janvier prochain.

L’année à venir offre de belles perspectives aux équipes locales, qui entendent se renforcer, accroître leur présence au sein des établissements, pour toucher plus personnes et multiplier les activités en détention (rencontres auteurs, concours d’éloquence, atelier BD, etc.), grâce à ses partenaires du monde judiciaire, carcéral, culturel et du secteur privé local.

Lire pour en sortir

Des livres pour effacer les barreaux

Les livres abordés ont été choisis dans un catalogue par les détenus eux-mêmes. Ces derniers bénéficient d’un large choix, en fonction de leur niveau et de leurs centres d’intérêt ; ils disposent de romans, d’ouvrages de développement personnel, de livres scientifiques, de BD, de livres adaptés aux problèmes d’apprentissage, de littérature ultramarine, etc.
En participant aux actions de "Lire pour en sortir", ils prouvent leur implication dans leur réinsertion ; un argument à faire valoir auprès des Juges d’application des peines.

Le livre est aussi un moyen, pour les personnes incarcérées, de nouer des liens privilégiés avec leurs enfants. Des temps de lecture en famille sont, en effet, proposés, avec un ouvrage comme outil de médiation.

Et lorsque les auteurs franchissent les portes des prisons, ceux qui y sont retenus peuvent s’ouvrir à d’autres univers, à travers eux.

En Guadeloupe, Barbara Keller [NDLR : journaliste photo-reporter et plasticienne en Guadeloupe] est intervenue à la maison d’arrêt de Basse-Terre, Yasmina Khadra (auteur algérien) et Emmelie Prophète (ministre de la Culture d’Haïti et autrice à succès) au centre pénitentiaire de Baie-Mahault.

Lire pour en sortir

 

Les détenus avant tout des êtres humains

Fondée en juillet 2014 en France, "Lire pour en sortir" est la seule association nationale à proposer aux personnes détenues des actions d’insertion par la lecture. Elle a été créée à la suite du vote modifiant le code de procédure pénale, concernant l’éligibilité de la pratique culturelle, dont celle de la lecture, à des remises de peines supplémentaires ou aménagements de peine.

Elle est implantée en Guadeloupe depuis 2021 ; à l’échelle nationale, elle est présente dans 35 établissements pénitentiaires, dont 6 en Outre-mer. L’association, qui compte 10 salariés et 300 bénévoles (chiffres de 2023), intervient désormais dans 31 prisons du territoire national, au bénéfice de près de 10.000 personnes détenues.

La détention est toujours une épreuve et ne peut être une fin en soi. La réinsertion des personnes détenues est un enjeu de société. Chacun doit pouvoir trouver sa place au sein de la communauté humaine. La prévention et la lutte contre l’illettrisme permettent aux personnes détenues de reconquérir leur autonomie par la maîtrise des compétences de base.

Lire pour en sortir

"Lire pour en sortir" véhicule des valeurs : l’humanisme, le respect, l’engagement réciproque. Ces acteurs refusent qu’une personne soit réduite à ses actes.