"Débouya pa péché", dit-on dans l’archipel guadeloupéen. À Marie-Galante, les femmes ont bien intégré ce dicton et nombreuses sont celles qui mènent leur barque obstinément, motivées, débrouillardes et travailleuses. Certaines cumulent des emplois et activités ; elles s’illustrent dans toutes sortes de corps de métiers. D’autres se lancent carrément dans l’entrepreneuriat, un parcours Ô combien difficile à suivre.
Ces dames se réjouissent de contribuer à l’essor économique de leur territoire... et de "s'en sortir".
Lucienne, au travail de tôt à tard
Dès les premières lueurs du jour, Lucienne est opérationnelle, du lundi au vendredi, plus un week-end sur deux. C’est elle qui réveille le quartier où est implantée sa boulangerie, en levant le rideau métallique de son commerce, à deux pas du quai de Saint-Louis. Elle offre ses délices sucrés et salés aux clients jusqu’à midi.
Mais sa journée professionnelle est loin de s’arrêter là.
J’ai trois boulots. Je commence ici, à 5h00 du matin pour 12h00. L’après-midi, de 16h45 à 18h00, je fais le ménage dans une pharmacie, en face. Entre-temps, je vends des huiles essentielles de massage.
Lucienne Gemise, boulangère
Lucie, qui aime conduire son destin
Lucie a pris la succession de son oncle : la voilà monitrice d’auto-école !
Mon oncle était moniteur d’auto-école, quand j’étais plus jeune. Tous les enfants, les neveux, cousins, etc. allaient faire les cours avec lui. Ça a été une passion après, tout naturellement.
Lucie Seytor, gérante d’une auto-école
Un héritage bienvenu, quand on sait que le marché du travail, sur l’île doublement insulaire, est impitoyable, de même que la réalité économique. Pour autant, cet emploi ne suffit pas.
La réalité est là : pour gagner plus, il faut cumuler
Non, ce n’est pas mon seul travail ! Heureusement, parce qu’à Marie-Galante, il faut avoir au moins deux ou trois emplois pour arriver à s’en sortir. J’ai aussi un restaurant. La plupart des gens ont deux "travails", ou alors ils ont des animaux, pour pouvoir s’en sortir.
Lucie Seytor, gérante d’une auto-école
De quoi faire face aux tensions exercées par l’inflation sur le panier de la ménagère. Une ménagère qui n'est plus que cela, qui s’est éloignée du foyer, pour remplir la bourse.
Les femmes travaillent pour elles, pour leurs enfants... parce qu’il le faut bien.
REPORTAGE/
Rédactrice et reporter d’images : Lise Dolmare
Monteur : Sébastien Marchais
Mixeur : Justin Mirval