Demain, les acteurs de la filière canne de Marie-Galante jugeront de la faisabilité et de l'intérêt du transbordement de la récolte, vers Pointe-à-Pitre, puis son acheminement jusqu'à Gardel. L'expérimentation menée ce vendredi a permis d'embarquer 500 t de cannes, qui seront broyées dans la nuit.
Ce vendredi 21 mai 2021 était une journée décisive, pour le projet de transbordement des cannes de Marie-Galante, vers le port de Pointe-à-Pitre. Des cannes qui doivent ensuite être acheminées, par voie terrestre, jusqu'à l'usine Gardel, au Moule, pour y être déchargées et broyées, durant la nuit.
Pour cette expérimentation, depuis 8h00 ce matin, les cannes ont été chargées à bord d'une barge, dans de plutôt bonnes conditions.
Pour rappel, l'opération avait été annulée, il y a deux semaines, du fait de la mobilisation des opposants au transfert.
Depuis, un protocole d'accord a été signé, entre tous les acteurs de la filière canne. Il prévoit de prioriser la solution du broyage des cannes, sur l'île. Mais il a tout de même été décidé d'examiner l'autre option : celle du transbordement.
L'enjeu de l'expérimentation du jour
L'enjeu de l'essai du jour est d'importance : il s'agit de sauver le récolte 2021 des producteurs de canne de la Grande Galette, mais aussi, par ricochet, de sauver une large part de l'économie locale, sachant que la filière canne fait vivre bon nombre de personnes, sur l'île, directement ou indirectement.
Afin d'optimiser le transbordement, seules les cannes coupées à la main sont prises ; leur teneur en sucre diminue moins vite que celle des cannes coupées mécaniquement.
La richesse saccharine mesurée est d'ailleurs bonne : 9,61 en moyenne.
Un processus relativement lent
Comme traditionnellement, les transporteurs de canne-à-sucre ont dû se rendre à l'usine de Grande Anse, pour faire peser leurs chariots et faire évaluer la richesse saccharine de leurs chargements.
La nouveauté est qu'après, ils ont dû se rendre sur le port de Folle Anse, où une barge a été positionnée, au bout d'un ponton de 150 mètres, pour accueillir les cannes.
La capacité de cette embarcation correspond à l'ambition de transborder 600 tonnes de cannes, lors de ce premier voyage.
Mais c'est surtout la manoeuvre d'embarquement qui constitue une difficulté : les remorques chargées de cannes doivent emprunter une rampe d'accès à bord. Elles ont été remplies à moitié, par précaution.
Le choix des opérateurs a été de procéder en marche avant, car la marche arrière les inquiétait.
Ils devaient ensuite, après avoir déversé leur cargaison, faire demi-tour à bord de la barge, pour redescendre.
Une pelle spécifique de l'usine de Grande Anse, non opérationnelle en début de journée, a ensuite pu être utilisée, pour entasser les cannes sur la barge et, ainsi, optimiser l'espace.
Les chargements se sont succédés à une cadence assez lente, à raison de 83 tonnes embarquées par heure. A la fin de la journée, environ 500 tonnes de cannes ont été entassées sur la barge, soit une quarantaine de chargements, sur les 46 prévus au total.
Une expérimentation jusqu'à tard dans la nuit
La barge devait quitter Folle Anse à 16h00. Mais ce départ n'a pu s'effectuer avant 18h00.
Elle doit faire la traversée, jusqu'à Pointe-à-Pitre, en 3 heures environ.
Les opérations de déchargement pourront alors démarrer, vers 21h00.
Une vingtaine de camions titans a été prévue, pour assurer le transfert terrestre des cannes jusqu'à Gardel, où le broyage est prévu dans la nuit.
La cellule de crise doit se réunir dès demain, samedi 22 mai 2021, à 10h00, pour dresser le bilan de cette solution provisoire, visant à ne pas perdre la récolte 2021.
Décision sera alors prise de reprendre, ou non, la campagne sucrière, à Marie-Galante, où 69.000 tonnes de cannes sont encore sur pied.