Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé, hier (mercredi 6 mars 2024), renforcer sa présence dans la capitale haïtienne, pour répondre à l'afflux de blessés dans le chaos et les violences qui embrasent Port-au-Prince.
Maintenir une présence au bénéfice des victimes de la guerre des gangs
L'organisation non gouvernementale (ONG) a dû rajouter une vingtaine de lits dans son hôpital, à Tabarre, pour atteindre une capacité de 75 lits, selon un communiqué.
Nous recevons en moyenne cinq à dix nouveaux cas par jour et nous travaillons aux limites de notre capacité.
Mumuza Muhindo Musubaho, chef de mission MSF en Haïti
Dans le contexte de montée de la violence, MSF veut mettre en place des structures de soins dans différentes zones de Port-au-Prince, car l'insécurité et les barrages routiers improvisés empêchent les ambulances d'acheminer les patients.
Alors que plusieurs structures hospitalières sont à l'arrêt, MSF a rouvert son centre d'urgence dans le quartier de Turgeau deux semaines plus tôt que prévu, afin d'étendre ses activités médicales et de réduire la pression sur ses installations existantes (...). MSF a ouvert aussi un nouvel hôpital chirurgical de 25 lits, dans la commune de Carrefour, le lundi 4 mars.
Communiqué de MSF
En revanche la situation s'est tellement dégradée que l'ONG s'est vue forcée de "suspendre temporairement ses cliniques mobiles dans plusieurs sites".
Elle met aussi l'accent tout particulièrement sur le risque d'augmentation des violences sexuelles. En 2023, elle a pris en charge plus de 4.000 survivantes d'agressions sexuelles.
Nous sommes aussi inquiets car l'accès à notre stock de matériel médical est extrêmement difficile, à cause non seulement de la situation au port, mais aussi de l'impossibilité de poursuivre les démarches administratives de dédouanement.
Mumuza Muhindo Musubaho, chef de mission MSF en Haïti
Le chef de mission MSF craint "une rupture de stock de nos médicaments et matériel médical".
Une violence galopante
Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince, ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques du pays pauvre des Caraïbes : l’académie de police, l’aéroport et plusieurs prisons, d'où ont pu s'évader des milliers de détenus.
Mardi, un chef de gang a assuré qu'une "guerre civile" sanglante aura lieu si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionne pas. Les groupes armés disent vouloir renverser le premier ministre, au pouvoir depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse et qui aurait dû quitter ses fonctions, début février.
En réaction aux violences, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne de trois jours renouvelables.
Face à la situation sécuritaire, qui s'est rapidement détériorée ces derniers jours, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a tenu une réunion en urgence, mercredi.