De nombreuses voix se sont élevées pour condamner les propos antisémites visant April Benayoum, 1ère dauphine de Miss France. Un déferlement de haine qui rappelle qu'il y a un an, lors de l'élection de la Guadeloupéenne Clémence Botino, elle avait également été victime de tweets racistes.
Peu après avoir été couronnée Miss France 2020, il y a un an, la Guadeloupéenne Clémence Botino, avait été victime de nombreux propos racistes sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. Mais, elle n'était pas la seule. Miss Ile-de-France, Évelyne de Larichaudy, originaire de l'île de La Réunion, était également la cible de tweets racistes.
Cette année, c'est la première dauphine de Miss France, April Benayoum qui a été victime de propos antisémites après avoir parlé de ses origines israéliennes.
Trois Miss, trois jeunes femmes en proie au racisme... Pourtant, souligne Thiaba Bruni, militante, dans un billet de la section Blog de Médiapart, la réponse du gouvernement n'a pas été la même.
En 2019, seul le Cran avait porté plainte
Le 20 décembre, au lendemain de l'élection d'Amandine Petit, Miss France 2021, les tweets antisémistes à l'égard de sa première dauphine, April Benayoum, Miss Provence faisaient la une de l'actualité. Des commentaires haineux immédiatement condamnés. Par le producteur de la manifestation, mais également par la classe politique. L'une des premières à réagir, Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, sur Twitter.
#MissFrance2021 n’est pas un concours d’antisémitisme.
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) December 20, 2020
Tout mon soutien à April Benayoum #MissProvence cible de propos antisémites d’une violence inouïe toute la soirée après avoir évoqué ses origines.
👉🏾 J’adresse un signalement au Procureur (article 40)
Le ministre de l'intérieur, Gérard Darmanin, le Garde des Sceaux, Eric Dupond Moretti et de nombreux autres politiques et associations se sont également indignés face à ce déferlement de haine.
En 2019, seul le Cran, le Conseil représentatif des associations noires avait porté plainte pour les propos racistes postés sur les réseaux sociaux qui visaient la nouvelle représentante de la France, la Guadeloupéenne, Clémence Botino, mais également Évelyne de Larichaudy, Miss Ile de France, d'origine asiatique. Le président du Cran, Ghyslain Vedeux, avait alors dénoncé "l'inaction" des autorités. Il avait également pointé du doigt les déclarations de l'époque de la secrétaire d'Etat, alors chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations : "Marlène Schiappa a estimé que, comme Miss France n'avait pas souhaité judiciariser les commentaires racistes, il n'appartenait pas à la ministre de le faire à sa place. Cette réponse démontre le mépris qu'a cette ministre concernant le racisme dont sont victimes les personnes noires et asiatiques. On ne peut pas se contenter d'une telle réponse de la part de la secrétaire d'Etat."
Une "indignation à deux vitesses"
La militante prend la plume pour pointer du doigt la politique deux poids deux mesures. Réaffirmant que "tous les propos racistes sont condamnables... sans égard à la couleur de peau, les origines ou la confession religieuse de la victime", elle apporte son soutien à April Benayoum. Mais dénonce une nouvelle fois "une indignation à deux vitesses". "Malheureusement, dans notre beau pays de France, l’égalité républicaine n’est pas toujours de mise. Où étaient Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à la lutte contre les discriminations, Laetitia Avia, Gérald Darmanin, Aurore Berger, Manuel Valls et tous les autres politiciens qui aujourd’hui font montre d’un antiracisme opportun et de circonstance dont le silence assourdissant, il y a un an à peine, résonne encore dans nos mémoires ? Pas un mot de compassion de ces mêmes politiciens à l’égard de ces 2 jeunes femmes lynchées sur les réseaux sociaux. Même la Licra, aujourd’hui si véhémente et prompte à dénoncer l’antisémitisme insoutenable qui s’abat sur Miss Provence, n’avait pipé mot car il semble qu’elle avait oublié qu’elle était censée lutter contre toutes les formes de haine raciale, même celles dirigées à l’encontre des Noir(e)s, des Asiatiques et des Arabes" s'indigne t-elle.
Il faut lutter contre toute forme de racisme
Dans un article de France Info, Miss France : comment les candidates noires, arabes ou asiatiques ont vécu leur sacre, la journaliste Elise Lambert indique que face aux attaques, "le comité Miss France conseille aux candidates de ne pas lire, ou de désactiver, les commentaires".Et un an après, Ghyslain Vedeux s'interroge toujours sur l'efficacité de la plateforme Pharos (Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements) mise en place par le ministère de l'Intérieur, pour permettre le signalement des faits illicites sur internet et lutter contre la haine en ligne.
Pour le président du CRAN, il convient de prendre position contre toute forme de racisme et ne pas "tomber dans le piège de concurrence".
Le CRAN condamne comme il l'a déjà fait par le passé tout acte raciste et quelque soit l'origine de la personne victime. Clémence Botino, Evelyne Larichaut et April Benayoun doivent bénéficier d'un soutien de la justice qui doit sanctionner les coupableshttps://t.co/FQ1GeJaxIb
— GHYSLAIN VEDEUX (@GVedeux) December 22, 2020
Ghyslain Vedeux, président du Conseil représentation des associations noires
Le CRAN mène de nombreuses actions avec différentes associations, telles La voix des Roms ou l'Union juive pour la paix. Un rappel qu'il est important de travailler ensemble. L'activiste insiste sur le rôle de la société civile, dans ce contexte. Chacun a son rôle à jouer.