Mortalité des oursins noirs : un coupable identifié

Diadema antillarum, oursin noir des Antilles.
Cela fait près d’un an que les scientifiques s’alarment, après avoir constaté que les oursins noirs étaient décimés, par un mal à l’époque inconnu, dans les eaux de Guadeloupe, mais aussi du reste de la zone Caraïbe. Un coupable a enfin été désigné par une équipe de chercheurs américains : un parasite marin qui a déjà provoqué bien des dégâts.

Le mystère de la mortalité massive des oursins noirs (Diadema Antillarum), constatée depuis début 2022, dans les Caraïbes, vient d’être résolu. Une équipe américaine de scientifiques de l’université de Floride du Sud a identifié le tueur ; il s’agit d’un micro-organisme de type "cilié", c’est-à-dire une cellule munie de cils vibratiles lui permettant de se mouvoir. 

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Un tueur en série

Le coupable est précisément un "scuticocilié", un eucaryote unicellulaire pathogène. Ce parasite marin opportuniste est déjà connu pour être notamment à l’origine de nombreuses infections mortelles, chez les requins.
Et il est, donc, également responsable de la mortalité importante constatée, depuis janvier 2022, chez nos oursins à longues épines.

Plusieurs mois d’enquête

C’est l’équipe de scientifiques dirigée par Mya Breitbart, de l’université de Floride du Sud, qui a levé le voile ; cette découverte est le résultat de plusieurs mois d’une enquête médico-légale, rendus possibles grâce à la science participative.

Les échantillons, sains ou malades, les observations et la documentation, issus de quasiment toutes les iles de la Caraïbe où le phénomène a été observé (23 sites au total) ont nourrit les chercheurs. Après une étude génomique et pathologique, les scientifiques ont pu confirmer qu'il s'agissait bien d'un cilié qui tuait la population d'oursins.

Conséquences en cascade

La surmortalité des oursins est lourde de conséquences, pour les récifs coralliens notamment ; les oursins contribuent à leur bonne santé, en broutant les algues qui les envahissent.

Le Diadema Antillarum avait déjà connue une mortalité importante, au début des années 80. 98% de sa population avait disparu, sans que l’on ait pu déterminer le ou les causes de cette catastrophe.
Cette fois-ci, le responsable est bien identifié mais il reste encore de nombreuses questions en suspens : le pathogène est-il nouveau dans la région ?  Si oui, quelles conditions environnementales ont favorisé sa croissance ? Pourquoi a-t-il infecté les oursins ? Et quelle stratégie de préservation mettre en œuvre désormais ?