Ils disent que ces plantes contiennent de la chloroquine...
Armoise, couachi, moringa, aloé Véra, atoumo, zèb a pik, arada, malnomé…
Depuis plusieurs jours, le nom de ces plantes fleurissent sur les réseaux sociaux. Des plantes devenues les ingrédients d’infusions « miracle », pour venir à bout du virus et de la maladie. Car, selon les auteurs des images postées sur le net, les feuilles recèleraient un trésor inestimable… de la chloroquine.
A l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection, cette molécule, associée à un antibiotique, a remis sur pied les trois quarts des patients volontaires du Professeur Didier RAOULT. Après 6 jours de traitement, 25% des malades étaient encore porteurs du virus.
Et, donc, en Guadeloupe, certains pensent avoir déterré le jumeau naturel de la chloroquine.
... Faux !
Henri JOSEPH, pharmacien et docteur en pharmacognosie, est catégorique. Il martèle ses mots.
La chloroquine est une substance chimique de synthèse. Ce n’est donc pas une molécule naturelle. Or les plantes sont naturelles. Ainsi, aucune des plantes précitées ne contient de la chloroquine.
La chloroquine ou chloroquinine est un antipaludique de la famille des amino-4-quinoléines. Elle a été largement commercialisée, sous forme de d’hydroxychloroquine ou de sels ( sulfate ou phosphate) et connue sous le nom de Plaquenil. Elle est, avec la quinine, dont elle est un substitut synthétique, le traitement qui a été le plus employé, en préventif comme en curatif, contre le paludisme .
Quant à l’armoise, il existe bien une plante chinoise cultivée en Afrique et à Madagascar, l’Artemisia annua, appelée aussi armoise. C’est une plante efficace et très prometteuse, pour soigner le paludisme, qui tue des millions d’individus dans les régions africaines.
Il existe effectivement, en Guadeloupe, une autre plante également nommée armoise, l’Artemisia vulgaris, mais qui n’a pas les propriétés prometteuses de l’Artemisia annua, sa sœur africaine.
Pour autant, par ces temps de confinement, celui qui a toujours milité pour un garde-manger rempli des victuailles du pays, prône plus que jamais l’auto-suffisance et la souveraineté alimentaire.
Nous devons tirer des enseignements de ce qui nous arrive. Nous dépendons à 90% des importations, alors que nos terres peuvent nous nourrir. Cela fait 40 ans que je tire la sonnette d’alarme. 3 800 variétés de plantes poussent en Guadeloupe. Et, parmi elles, 625 sont des plantes médicinales. La biodiversité de notre île est riche. Notre Parc National fait partie du top 10 des forêts les mieux gérées de la planète. Nos terres sont fertiles. Nous avons à portée de main de quoi nous nourrir et de quoi nous soigner.
Que de temps perdu, regrette le père du régime caribéen. Le Dr Henri JOSEPH n’a pas baissé le rideau de son entreprise et de son laboratoire. Il continue à produire encore, chaque jour, des produits de santé à base de plantes.
Toutes les mesures sont prises pour protéger mon personnel, car cela fait partie de notre protocole de bonne pratique de fabrication journalière, depuis 15 ans. Nous n’avons pas attendu le coronavirus, pour mettre en place les mesures barrières dans notre entreprise.
Au 8ème jour de confinement, le Dr Henri JOSEPH, reste confiant et serein.
La Guadeloupe se relèvera de cette épreuve ; j’en suis persuadé. Elle a connu les ouragans, les tremblements de terre, mais aussi des pénuries, lors des deux dernières guerres mondiales, la pandémie bactérienne du choléra. Mon peuple est résilient et fort. J’ai confiance en sa capacité de se transcender. Qu’il n’aie crainte, nous vaincrons cet ennemi.
En pleine épidémie planétaire, les médecins et scientifiques du monde entier remuent ciel et terre, pour trouver le vaccin et le meilleur traitement contre le coronavirus. Le Dr Henri JOSEPH fait une dernière confidence.
Avec les chercheurs du réseau Tramil, nous échangeons nos données scientifiques, nous réfléchissons à plusieurs stratégies, face à l’ennemi. Nous porterons, nous aussi, notre pierre à l’édifice, pour trouver des solutions naturelles, pour lutter contre ce virus. Mais le travail est long, pour rester crédible aux yeux de la communauté scientifique.