"Paris noir" au Centre Pompidou : une exposition pour sortir de l'ombre

L'exposition "Paris Noir" au Centre Pompidou à Paris, le 18 mars 2025.
L’exposition "Paris noir" est lancée depuis le 19 mars au Centre Pompidou à Paris. Des artistes ultramarins ont été appelés à collaborer à cette grande exposition qui traite des luttes anticoloniales, des migrations et de l'influence de la culture noire dans la capitale. Un héritage artistique enfin révélé.

"Il était temps !" Eva Barois de Caevel, commissaire associée de "Paris noir", est ravie que l’avant-dernière exposition du Centre Pompidou, avant sa fermeture pour travaux, retrace la présence et l’influence des artistes noirs en France entre les années 1950 et 2000. Ouverte au public depuis le 19 mars et jusqu'au 30 juin, l’exposition met en lumière des artistes de l’Afrique aux Amériques en passant par la Caraïbe.

Les Outre-mer représentés 

"Paris noir" a été imaginé comme un labyrinthe chronologique, où 300 œuvres s’étalent sur près de 2.000 mètres carrés. L'objectif : illustrer un Paris cosmopolite qui a donné lieu à une grande variété de pratiques. Pour l’occasion, Beaubourg a fait quatre commandes qui ont permis à des artistes ultramarins de s'exprimer.

L’installation du Guadeloupéen Shuck One est imposante. Large pêle-mêle de cartographies, de collages et d’archives, l'œuvre “Regeneration” a été créée spécialement pour "Paris noir". L’artiste et activiste se souvient de la proposition du musée : "On m’a dit : 'On a envie de voir une installation de vous, avec vos idées, et en même temps une installation où se retrouvent les propos de l’exposition sur les différentes migrations, depuis les années 40 jusqu'aux années 2000, de ces différents peuples afrodescendants'.''

L'œuvre "Re-generation" de Shuck One au Centre Pompidou, dans le cadre de l'exposition "Paris Noir"


Rattrapage historique nécessaire

Une autre Antillaise a reçu commande : la Martiniquaise Valérie John. Figure majeure de l’art contemporain, elle rend hommage à l’écrivain Édouard Glissant dans son œuvre. Imaginez un grand métier à tisser où se mêlent et se démêlent écriture, musique et images. Un travail qui la rend fière, tout comme sa participation à "Paris noir". 

Je pense que cette exposition à cette propension de dire qu’il y a eu, pendant un temps, un certain nombre de marqueurs visuels, sonores, conceptuels qui ont traversé ce grand pays, ce grand territoire du monde noir, ce "Tout-Monde".

Valérie John

Valérie John devant son installation "Palimpseste, fabrique à mémoires…" présentée au Centre Pompidou, à Paris, dans le cadre de l'exposition "Paris Noir".

Un programme de recherches a également été lancé et de nouvelles œuvres sont venues enrichir les collections du musée. Alicia Knock, la commissaire de l'exposition, croise les doigts : "On espère que ça va inspirer beaucoup de chercheurs, d’étudiants, d’artistes et d’universitaires à étudier ces artistes et à, parfois, sauver leurs œuvres et leurs archives." Ces œuvres pourront témoigner de la contribution des afrodescendants, à l'histoire de l'art, lors de la réouverture de Beaubourg prévue en 2030.