Etre en charge des élèves, sur un territoire aussi menacé par les risques majeurs que la Guadeloupe, cela oblige à quelques adaptations. Ainsi, le Rectorat se doit d’être un maillon fort de la transmission de la culture du risque, aux jeunes générations... mais aussi de la gestion de crise.
La Guadeloupe est menacée par six risques naturels et trois risques technologiques*.
En quoi les acteurs de l’Académie de la Guadeloupe s’adaptent-ils à cette « spécificité » locale ?
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Jean-Marie TERRAC, conseiller du Recteur de l’académie de la Guadeloupe, chargé de la prévention des risques majeurs et de la sécurité routière :
Alerte Guadeloupe : Quel est le rôle du « Monsieur Risque » que vous êtes, au sein de l’académie ?
Jean-Marie TERRAC : Il s’agit de développer une culture du risque au sein de la communauté scolaire et de mettre en place des Plans particuliers de mise en sûreté (PPMS), face aux risques majeurs.
A.G. : Sur quoi vous basez-vous, pour définir ce que doit être la culture du risque ?
J-M. T. : On se base sur l’histoire, sur ce qui s’est passé dans l’archipel. On a tendance à dire que les Guadeloupéens sont résilients, parce qu’ils ont déjà vécu plusieurs phénomènes, notamment cycloniques et sismiques. Cette expérience est très intéressante. On doit la transmettre aux enfants qui, eux, n’ont pas vécu ces évènements. Irma nous a cruellement rappelé à quel point il est important de rafraichir cette mémoire collective régulièrement, alors qu’on était restés près de 18 ans sans aucun phénomène majeur, nous concernant directement.
J-M. T. : Ce message « N’allez pas chercher vos enfants ! », je l’ai toujours combattu. Comment peut-on dire cela à un parent ?! Il faudrait plutôt dire : « N’allez pas IMMEDIATEMENT chercher vos enfants à l’école ». Il faut qu’ils sachent qu’on a des personnels formés, notamment aux premiers secours. On inculque aux enfants des gestes, pour se protéger, pour leur survie. Il y a une organisation, dans toutes les écoles, tous les collèges et les lycées de ce département. Nos équipes pédagogiques sont formidables et font un boulot extraordinaire. Donc, ce que l’on demande aux parents, c’est d’abord de sécuriser là où ils sont. Pourquoi aller se jeter sur les routes, alors que leurs enfants sont en sécurité ?! (On fait tout pour, en tout cas) Il faut déstresser en remplissant les tâches obligatoires, c'est-à-dire, en cas de séisme, couper tous les réseaux (gaz, électricité, eau), inspecter l’environnement immédiat, s’inquiéter du voisinage.... Avoir des choses à faire aide à se calmer. Et, bien entendu, nos enfants, on pense à eux. Il existe un document, à l’Education Nationale, qui dit : « Assurer la sécurité des élèves, en attendant l’arrivée des secours ». Donc, tous les enseignants, tous les adultes de l’établissement sont tournés vers les enfants.
A.G. : Quelques-uns paniquent parfois ?
J-M. T. : Oui. On me dit souvent que certains de ces adultes partent en courant. Les psychologues l’ont dit : « 30% de la population guadeloupéenne ont développé un traumatisme face aux séismes » ; ceux là ne veulent pas en entendre parler et lorsque le phénomène survient ils font n’importe quoi. Mais il reste 70% de personnes aptes à agir.
A.G. : Le Rectorat est l’un des maillons du dispositif départemental de gestion de crise… quel est votre positionnement exactement ?
J-M. T. : Vaste question ! Tout d’abord, on est en Zone de Défense Antilles, c'est-à-dire qu’on a un état major de zone, basé en Martinique. Le préfet de Martinique et le recteur de Martinique sont, donc, respectivement préfet et recteur de zone décisionnaires. Localement, on a le Centre Opérationnel Départemental (COD), géré par le préfet de Guadeloupe, dont deux collègues et moi sommes les officiers de liaison, pour le Rectorat. Notre rôle est de se relayer, pour remonter les informations de nos partenaires.
Exemple concret : dans un lycée, s’il y a un problème de câble électrique dangereux. On me le fait savoir. Je le signale, dans le cadre de ce COD, où se côtoient les représentants de tous les services compétents, en matière de risques. Parmi eux, celui d’EDF… qui peut réagir immédiatement !
** A lire l'article : « Culture du risque : le Rectorat de la Guadeloupe crée une cellule de crise. »
A consulter les pages du site du rectorat de la Guadeloupe, dédiées aux risques majeurs. CLIQUER ICI !
A lire consulter aussi, sur le Blog des experts : « Prévention et gestion de crises, en milieu scolaire »
En quoi les acteurs de l’Académie de la Guadeloupe s’adaptent-ils à cette « spécificité » locale ?
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Jean-Marie TERRAC, conseiller du Recteur de l’académie de la Guadeloupe, chargé de la prévention des risques majeurs et de la sécurité routière :
Alerte Guadeloupe : Quel est le rôle du « Monsieur Risque » que vous êtes, au sein de l’académie ?
Jean-Marie TERRAC : Il s’agit de développer une culture du risque au sein de la communauté scolaire et de mettre en place des Plans particuliers de mise en sûreté (PPMS), face aux risques majeurs.
A.G. : Sur quoi vous basez-vous, pour définir ce que doit être la culture du risque ?
J-M. T. : On se base sur l’histoire, sur ce qui s’est passé dans l’archipel. On a tendance à dire que les Guadeloupéens sont résilients, parce qu’ils ont déjà vécu plusieurs phénomènes, notamment cycloniques et sismiques. Cette expérience est très intéressante. On doit la transmettre aux enfants qui, eux, n’ont pas vécu ces évènements. Irma nous a cruellement rappelé à quel point il est important de rafraichir cette mémoire collective régulièrement, alors qu’on était restés près de 18 ans sans aucun phénomène majeur, nous concernant directement.
A.G. : En cas de phénomène majeur, les autorités déconseillent aux parents d’aller chercher leurs enfants. Vous confirmez cette consigne ?« Pourquoi aller se jeter sur les routes, alors que les enfants sont en sécurité ?! »
J-M. T. : Ce message « N’allez pas chercher vos enfants ! », je l’ai toujours combattu. Comment peut-on dire cela à un parent ?! Il faudrait plutôt dire : « N’allez pas IMMEDIATEMENT chercher vos enfants à l’école ». Il faut qu’ils sachent qu’on a des personnels formés, notamment aux premiers secours. On inculque aux enfants des gestes, pour se protéger, pour leur survie. Il y a une organisation, dans toutes les écoles, tous les collèges et les lycées de ce département. Nos équipes pédagogiques sont formidables et font un boulot extraordinaire. Donc, ce que l’on demande aux parents, c’est d’abord de sécuriser là où ils sont. Pourquoi aller se jeter sur les routes, alors que leurs enfants sont en sécurité ?! (On fait tout pour, en tout cas) Il faut déstresser en remplissant les tâches obligatoires, c'est-à-dire, en cas de séisme, couper tous les réseaux (gaz, électricité, eau), inspecter l’environnement immédiat, s’inquiéter du voisinage.... Avoir des choses à faire aide à se calmer. Et, bien entendu, nos enfants, on pense à eux. Il existe un document, à l’Education Nationale, qui dit : « Assurer la sécurité des élèves, en attendant l’arrivée des secours ». Donc, tous les enseignants, tous les adultes de l’établissement sont tournés vers les enfants.
A.G. : Quelques-uns paniquent parfois ?
J-M. T. : Oui. On me dit souvent que certains de ces adultes partent en courant. Les psychologues l’ont dit : « 30% de la population guadeloupéenne ont développé un traumatisme face aux séismes » ; ceux là ne veulent pas en entendre parler et lorsque le phénomène survient ils font n’importe quoi. Mais il reste 70% de personnes aptes à agir.
A.G. : Le Rectorat est l’un des maillons du dispositif départemental de gestion de crise… quel est votre positionnement exactement ?
J-M. T. : Vaste question ! Tout d’abord, on est en Zone de Défense Antilles, c'est-à-dire qu’on a un état major de zone, basé en Martinique. Le préfet de Martinique et le recteur de Martinique sont, donc, respectivement préfet et recteur de zone décisionnaires. Localement, on a le Centre Opérationnel Départemental (COD), géré par le préfet de Guadeloupe, dont deux collègues et moi sommes les officiers de liaison, pour le Rectorat. Notre rôle est de se relayer, pour remonter les informations de nos partenaires.
Exemple concret : dans un lycée, s’il y a un problème de câble électrique dangereux. On me le fait savoir. Je le signale, dans le cadre de ce COD, où se côtoient les représentants de tous les services compétents, en matière de risques. Parmi eux, celui d’EDF… qui peut réagir immédiatement !
POUR ALLER PLUS LOIN /
* A lire l'article : « Les risques : quels sont-ils ? »** A lire l'article : « Culture du risque : le Rectorat de la Guadeloupe crée une cellule de crise. »
A consulter les pages du site du rectorat de la Guadeloupe, dédiées aux risques majeurs. CLIQUER ICI !
A lire consulter aussi, sur le Blog des experts : « Prévention et gestion de crises, en milieu scolaire »