Six religieux ont été enlevés, hier (vendredi 23 février 2024) à Port-au-Prince, a indiqué leur congrégation catholique.
Les enlèvements pullulent dans une capitale haïtienne, contrôlée en grande partie par les gangs.
Une demande de rançon
La Congrégation des Frères du Sacré-Coeur en Haïti annonce avec douleur l'enlèvement crapuleux de six de ses membres et une enseignante œuvrant dans la mission de ladite Congrégation à l'Ecole Jean XXIII ce vendredi matin.
Communiqué de la Congrégation des Frères du Sacré-Coeur
Pour ne plus exposer ses usagers, la congrégation des personnes kidnappées a décidé la fermeture de l'école où ils se rendaient ; cela, "jusqu'à nouvel ordre". Il s’agissait du dernier établissement scolaire primaire et secondaire de la zone qui était encore ouvert, malgré la violence des gangs qui gangrène Haïti.
Le Bicentenaire, où se rendaient les religieux, est un quartier du centre-ville de la capitale haïtienne ; une zone contrôlée par des groupes armés, parmi ceux qui plongent Haïti dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire, à force d’enlèvements notamment, devenus monnaie courante.
Depuis plusieurs années, une violence absurde et injustifiée s'abat sur le paisible peuple haïtien, et même les personnes qui consacrent leur vie pour la cause des plus vulnérables ne sont pas épargnées.
Communiqué de la Congrégation des Frères du Sacré-Coeur
Une demande de rançon a été formulée, a appris l'AFP d'une source proche de la congrégation.
Des enlèvements à répétition
Des affrontements entre gangs rivaux ont paralysé les activités durant plusieurs semaines, au niveau du port international de Port-au-Prince, situé dans la même zone. Cette situation a entraîné des pénuries de certains produits.
Les malfaiteurs, pour soutirer de l’argent aux proches de leurs victimes, usent régulièrement du rapt.
Le 15 février, un professeur d'université avait été enlevé. Idem, quant à six religieuses, relâchées fin janvier (voir photo).
Avec au moins 806 personnes tuées, blessées ou kidnappées en janvier 2024 et quelque 300 membres de gangs également tués ou blessés, le début d'année a été "le plus violent depuis plus de deux ans" en Haïti, a indiqué début février le Haut-Commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme.
Et si, face à cette crise, le Conseil de sécurité de l'ONU a donné en octobre son accord pour l'envoi en Haïti d'une mission multinationale menée par le Kenya, sa mise en place effective tarde, notamment en raison d'une décision de justice à Nairobi.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a, depuis le Brésil, jeudi (22/02/2024), tenté de faire pression sur les pays partenaires pour faire accoucher cette force de police internationale.