Les pêcheurs guadeloupéens refusent les importations de poissons frais du Venezuela

L'Aracelys Maria
La reprise des importations en Guadeloupe de produits de la mer vénézuéliens est annulée. Les pêcheurs s’y opposent catégoriquement. L’escale de l’Aracelys Maria, du Venezuela et sa cargaison de poissons et langoustes, prévue le 24 février à Pointe-à-Pitre, a été annulée. 
Les pêcheurs guadeloupéens reprochent aux produits vénézuéliens un manque de traçabilité et une concurrence déloyale, car aucune taxe n'est appliquée. 
 

Escale annulée 

L’escale de l’Aracelys Maria, prévue le 24 février au terminal de Jarry à Pointe-à-Pitre, a été annulée. Jonathan Maselli, qui agissait cette fois en tant qu’importateur, a choisi de décommander le navire de pêche battant pavillon vénézuélien et sa cargaison de poissons et langoustes fraîches. "Devant les menaces illégales et l'absence de réactions des pouvoirs publics français, l'organisation de producteurs INZOPESCA en lien avec le Ministère des Pêches du Venezuela a décidé de fermer le marché guadeloupéen aux produits de la mer frais vénézuéliens" écrit le jeune entrepreneur dans un communiqué du 21 février.
"Une initiative maladroite" a réagi le consulat général du Venezuela en Martinique, qui rappelle "qu’une décision de ce caractère ne peut pas être menée de cette manière".
 

Les professionnels de Guadeloupe unanimes

La décision de Jonathan Maselli intervient à la suite d’un communiqué du comité régional des pêches des îles de Guadeloupe qui qualifie ces importations de "génocide par substitution organisé". 

Le refus de ces produits est ancré dans toute la profession. Ce ne sera ni l'avenir, ni le devenir de la pêche en Guadeloupe".
Charly Vincent, président du comité régional des pêches des îles de Guadeloupe

 

La Préfecture, médiatrice 

L’ensemble de la profession avait prévu de se mobiliser le 24 février pour empêcher tout débarquement. Une menace prise très au sérieux par la Préfecture, qui, après avoir épuisé les rencontres de conciliation entre les deux parties, était prête à déclencher un dispositif de maintien de l’ordre suffisant pour répondre à tous débordements. 
La Préfecture de la Guadeloupe a publié le 21 février un arrêté encadrant le débarquement des navires battant pavillon tiers de l’Union européenne. Le texte autorise désormais les débarquements uniquement à Jarry les lundis ouvrés de 6 à 16 heures. "Ce n’est pas un bon signal envoyé à la profession" estime Charly Vincent.
 

Une première cargaison bloquée

Pour rappel, le 3 décembre dernier, un groupe de pêcheurs professionnels avait bloqué les opérations de débarquement du Somaloa à la marina de Rivière Sens à Gourbeyre. La cargaison, soit 3,5 tonnes, avait été détruite, car jugée impropre à la consommation. Jonathan Maselli avait déposé plainte.
Propriété de Jonathan Maselli, le Somaloa, un navire de pêche reconverti, effectuait depuis plus d’un an, le transport de produits de la mer entre la Dominique et la Guadeloupe.
Environ 150 tonnes de poissons frais ont ainsi été importés via deux sociétés de pêche vénézuéliennes. Autorisé par la Direction de la mer, ce trafic se faisait sans aucun contrôle du service vétérinaire, ni perception de taxes de la part des Douanes. Une distorsion de concurrence jugée "inacceptable" par les autres professionnels guadeloupéens.
 

Un navire déjà contrôlé et verbalisé

L'Aracelys Maria, qui devait débarquer sa cargaison hier à Jarry, est déjà défavorablement connu des services de l’Etat. Le 18 février 2013, ce navire était verbalisé à Fort de France en Martinique pour fausse déclaration. La quantité de poissons débarqué était supérieure de 300 kg à celle indiquée sur les documents officiels. Le poisson a été saisi et détruit. Enfin, les agents de l’Unité littorale des Affaires Maritimes  (ULAM) ont interdit le débarquement de langoustes sous taille.