Pointe-Noire : 150 hectares dédiés à de jeunes agriculteurs porteurs de projets novateurs d'agroforesterie

150 hectares situés dans la zone agricole de Saint-Léon, à Pointe-Noire, seront dédiés à la production agroforestière.
La SAFER, la SIG et la mairie de Pointe-Noire se sont associées afin de lancer un projet d'agroforesteries destinés aux jeunes agriculteurs, afin de redynamiser l'agriculture locale tout en préservant l'environnement

La Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural, la SAFER de Guadeloupe, en collaboration avec la Société Immobilière de Guadeloupe et la mairie de Pointe-Noire, ont lancé un projet d'agroforesterie.
Mis en place sur 193 hectares de foncier appartenant à la SIG, cette initiative vise à redynamiser l'agriculture locale tout en préservant l'environnement.

Des parcelles dédiées

Plusieurs acteurs locaux et experts impliqués ont eu une approche pluridisciplinaire permettant d'aborder tous les aspects du projet, qu'ils soient économiques, environnementaux ou sociaux.

Le programme cherche à favoriser l'installation de jeunes agriculteurs, à faciliter la transmission des exploitations agricoles et à améliorer la performance économique et environnementale des exploitations agricoles et forestières. Des objectifs qui répondent aux missions de la SAFER, selon son président. 

Il y a très peu d'activité de ce type en Guadeloupe, en ce moment. On essaie de promotionner ce type d'agriculture qui est une innovation puisque c'est une agriculture un peu ancestrale. Avant, on connaissait la production de café, de cacao... Malheureusement, la canne, la banane ont pris la place. On essaie d'innover, de redécouvrir ces productions. Un ensemble de produits qui méritent de revenir sur le marché guadeloupéen.

Rodrigue Trèfle, président de la SAFER

Réalisé sur le site historique de l'habitation Saint-Léon, anciennement dédiée à la production de canne à sucre, il représente une avancée significative vers une agriculture durable et résiliente, adaptée aux défis actuels. Le projet prévoit l'attribution de 26 lots, allant de 2,5 à 17 hectares, totalisant 150 hectares, destinés à des pratiques agroforestières.

Un projet innovant

En juillet, dernier, le comité technique département élargi a examiné les nombreuses candidatures des agriculteurs de la région. Un engouement dont se félicite Camille Elisabeth, maire de Pointe-Noire pour qui "ce projet est en parfaite adéquation avec notre politique d'emploi des jeunes. En travaillant main dans la main avec la SAFER et la SIG, nous créons de nouvelles opportunités économiques tout en préservant notre environnement".

Depuis notre installation en 2020, nous avons cédé quelques parcelles à des jeunes Pointe-Noiriens. Cela a fait boule de neige et nous avons eu beaucoup de demandes... Aujourd'hui, nous mettons à la disposition des jeunes et moins jeunes agriculteurs, 150 hectares. Nous avons des jeunes qui proposent des projets viables et c'est une très bonne chose pour la commune de Pointe-Noire qui en a besoin. 

Camille Elisabeth, maire de Pointe-Noire

Ce 10 septembre, les candidats présélectionnés ont eu l'occasion de présenter leurs projets devant le comité. Ils ont ainsi pu démontrer leurs compétences et expliquer comment leurs initiatives contribueraient à la préservation de l'environnement tout en favorisant le développement économique local. 

Des cultures sélectionnées pour leur valeur écologique et économique

Pour assurer la durabilité et la rentabilité des exploitations, le projet a retenu des cultures adaptées aux systèmes agroforestiers. Les parcelles seront principalement consacrées à des cultures à haute valeur ajoutée, telles que le café et la vanille, qui sont en forte demande sur le marché et contribuent à la préservation des écosystèmes forestiers en nécessitant un couvert végétal. En complément, des plantes comme le cannelier, le muscadier, le poivrier, le gingembre, et le curcuma seront cultivées. Ces cultures s'intègrent bien dans des systèmes agroforestiers, améliorent la qualité des sols, offrent une protection contre l'érosion et soutiennent la biodiversité.

Mariana Guillaume est l'une des candidates. La jeune femme qui suit actuellement une formation d'ingénieur agronome a mis en avant sa volonté de "ramener l'attractivité" dans sa commune. 

Je souhaiterais produire des cultures patrimoniales, des cultures localisées ici - Pointe-Noire - telles que la vanille, le cacao, le café. J'aimerais aussi rajouter d'autres cultures comme les caramboles, les corossols. Des choses que l'on voit très souvent ici mais sur lesquelles les gens ont peu de connaissances, peu de rapports. Et ramener ces goûts. 

Mariana Guillaume, candidate

La protection de la biodiversité, essentielle dans le cadre de ce projet

La préservation de la biodiversité est un pilier central de ce projet. Des restrictions strictes régissent les pratiques de culture sur les parcelles pour protéger les écosystèmes fragiles.

Sur les 193 hectares mis à disposition, 43 hectares seront maintenus en l'état, sans aucune intervention humaine, pour protéger ces forêts. Les 150 hectares restants seront dédiés à des pratiques agroforestières durables, permettant à la fois la production agricole et la protection de l'environnement.

Une étude de la biodiversité, menée par des experts en écologie et en agroforesterie, a permis de recenser les espèces végétales et animales présentes, d'identifier les écosystèmes sensibles et de proposer des mesures de conservation adaptées.

Nous avons accompagné les porteurs de projet en réalisant un diagnostic écologique qui leur permet de savoir comment mettre en avant leurs idées en respectant tout le système écologique de manière à avoir une approche d'agriculture durable. 

Tony Lanclume, directeur départemental de la SAFER de Guadeloupe