Pour sa première matinée à la tête du CHUG Eric Guyader a choisi en premier lieu de se rendre sur le site du futur hôpital à Perrin aux Abymes. Il a aussi veillé à rencontrer une partie du personnel qu'il va désormais dirigé. Et parce qu'il accorde une grande importance au "U" de CHU, il s'est aussi entretenu avec les responsables de l'UFR Sciences de l'Université des Antilles.
Il devrait bientôt rencontrer les organisations syndicales de son établissement.
Il faut dire qu'Eric Guyader est un directeur d’hôpital de « classe exceptionnelle », c’est une catégorie de la fonction publique hospitalière qui souligne l’expérience importante des hauts fonctionnaires.
Et il lui faudra une grosse capacité de dialogue sociale. Le premier dossier RH où le nouveau directeur devra exercer toute sa compétence c’est celui des personnels administratifs ou soignants suspendus pour non-respect de l’obligation vaccinale. Il faudra, un jour ou l’autre, les réintégrer.
C’est la loi du 30 juillet dernier qui a mis fin à l’état d’urgence sanitaire qui le prévoit. Il y a des conditions : que cette obligation vaccinale ne soit plus justifiée médicalement et qu’il y ait un avis favorable de la Haute autorité de santé, la HAS.
En Guadeloupe et en Martinique, il y a plus de deux mois de baisse de la circulation active du virus, mais la HAS a donné une fin de non-recevoir pour tout le territoire français.
L’enjeu du collectif des organisations en lutte c’est d’obtenir une différenciation de la Guadeloupe par rapport au reste de la France. Cette réintégration est possible sur décret pris en conseil des ministres. Elle peut être différenciée, en fonction de la catégorie des personnels.
Si le gouvernement donne son accord, le deuxième chantier RH sera de permettre un retour serein. Ce qui ne sera pas non plus une mince affaire puisque, au plus fort de la crise, il y a eu de vives tensions entre certains personnels vaccinés et ceux qui ne le sont pas.
Eric Guyader sera aussi celui qui doit planifier le basculement vers le nouveau site du centre hospitalier universitaire à Perrin aux Abymes.
Il s’agit d’un gros chantier, physique cette fois, avec une construction qui a pris du retard. La livraison est prévue au premier trimestre 2024.
Et il faudra aussi poursuivre la gestion post incendie. Un sinistre qui a détruit une partie de l’établissement hospitalier en novembre 2017, bientôt 5 ans. Les conséquences sont encore bien présentes sur le management. Il y a eu des délocalisations, notamment du pôle Parent-Enfant à Palais Royal, et il reste très difficile de jongler entre les deux sites.
Dans le courant de l’année prochaine il faudra préparer le basculement vers le site de Perrin, s’il n’y a pas de nouveaux retards de chantier. L’aspect psychologique des malades, mais aussi des personnels devra être pris en compte.
C'est que, si un déménagement ça n’a l’air de rien, c’est souvent perçu comme une montagne infranchissable. D’autant que ce transfert s’accompagne de contraintes de personnels demandées par l’Etat.
Alors, derrière tout cela, l'enjeu est peut-être de savoir si Eric Guyader sera vraiment le directeur du déménagement du CHU. Seul l'avenir pourra le dire.