"Reconnaissance" le mot est lâché par Maïmouna Keïta, infirmière, exerçant en libérale depuis neuf ans. Le 9 août dernier, deux décrets publiés au Journal officiel, autorisent les infirmiers, pharmaciens, laborantins de biologie médicale et sages-femmes à prescrire, délivrer et injecter des vaccins. Une avancée notable juge la professionnelle de santé d'origine malienne.
Infirmière, c’est l’ancien travail des bonnes sœurs. Avant, on lui donnait une ordonnance et voilà, c’est écrit ça, tu fais ça. Mais on a fait des études, il peut y avoir des erreurs, on n’est plus des exécutrices.
Maïmouna Keïta, infirmière libérale à Capesterre-Belle-Eau
Pour les pharmaciens, déjà autorisés à administrer le vaccin contre la grippe, il s'agit d'une extension de compétences. Pour autant, Marie-Claude Synésius, pharmacienne à Petit-Bourg, attendait cette nouvelle habilitation avec impatience. Désormais, elle pourra prescrire et vacciner tous les vaccins du calendrier vaccinal, comme le tétanos, la grippe ou encore, l’hépatite et ce à tous les patients âgés de 11 ans et plus. En ce qui concerne le patient, grâce à la prise en charge dans le cadre du tiers payant, il n'aura rien à débourser.
ça simplifie la vie des patients, ça leur permet de venir directement à la pharmacie. Nous pourrons prescrire et vacciner tout de suite.
Marie-Claude Synésius, pharmacienne, présidente du syndicat départemental des pharmaciens de Guadeloupe
Quelques exceptions pour les personnes immunodéprimées. Les "vaccins vivants atténués", comme la rougeole, les oreillons et la tuberculose ou encore les vaccins du voyageur, restent dans les escarcelles des médecins.
Pour les autres, les candidats aux vaccins auront le choix. Outre les pharmaciens et infirmiers, les décrets habilitent les laborantins de biologie médicale et les sages-femmes. Pour être autorisé à prescrire et vacciner, ces professionnels paramédicaux devront d'abord suivre une formation.
En revanche, certains médecins émettent quelques réserves. C'est le cas de Frédérique Dulorme, pédiatre. La présidente de l’URPS de Guadeloupe se dit "favorable à tout ce qui permet un accès facilité aux soins, tout en gardant un œil vigilant concernant la coordination médicale, où le médecin reste chef d’orchestre".
Le partage des attributions vaccinales va de pair avec le partage de la responsabilité de la réalisation de l'acte. Et puis, toutes les modifications des attributions des actes aux professionnels médicaux ne doivent pas gêner leurs attributions initiales.
Frédérique Dulorme, pédiatre et présidente de l’URPS de Guadeloupe
L'élargissement de la vaccination aux professionnels paramédicaux a plusieurs objectifs : faciliter le parcours vaccinal de la population et augmenter la couverture vaccinale. De plus, il doit aussi accompagner le développement du dossier médical partagé (DMP). Il s'agit d'un carnet de santé numérique regroupant les données médicales du patient, facilitant la transmission entre les professionnels de santé.