Prix du carburant Outre-mer : la SARA pointée du doigt affirme ne pas comprendre la teneur du rapport de l'Inspection générale des finances

Entrée du site de la SARA à Jarry Baie-Mahault (Guadeloupe)
Après la publication du rapport de l’Inspection générale des finances sur les prix des carburants Outre-mer, la SARA se défend… Accusée de faire grimper les tarifs avec son activité de raffinage, elle évoque les risques de casse sociale et parle d’un rapport obsolète et déconnecté des réalités locales.

Les auteurs de ce rapport de 44 pages ont rappelé que la Société anonyme de la raffinerie des Antilles détient un triple monopole, à savoir l’importation des produits pétroliers, bruts, finis ou semi-finis, le stockage et le raffinage sur les Antilles et la Guyane.

Ces activités lui assurent une rémunération garantie de 23 millions d’euros chaque année, et ce depuis 2014.

Les inspecteurs des finances déplorent que les services de l’Etat, et singulièrement les Préfectures, ne soient plus en mesure de contrôler la grille de fixation des prix proposée chaque mois par la SARA. Ils demandent que cette compétence soit transférée à la CRE, la commission de régulation de l’Energie.

Ce rapport recommande également d'arrêter le raffinage aux Antilles pour réduire de 14 centimes le prix du litre à la pompe. Les dirigeants de la société anonyme de raffinerie des Antilles dénoncent des conclusions hâtives, un calcul sans fondement et un rapport déconnecté de la réalité locale.

Selon eux, ces recommandations pourraient mettre en péril la sécurité énergétique outre-mer et des emplois locaux, avec 700 foyers concernés. 

Pedro Selgi, directeur régional en Guadeloupe, alerte sur les risques pour la survie de l’outil industriel.

Nous sommes surtout sidérés par la teneur de ce rapport. C'est un rapport qui nous semble complètement hors-sol. Pour l'instant, nous nous interrogeons beaucoup sur ce qu'il contient et sur le procédé qui a consisté à attendre deux ans pour qu'il soit publié. Nous avons découvert ce rapport sur le site de l'IGF comme tout le monde. C'est vrai que nous accueillons ces personnes qui viennent de la part de ces organismes pour nous auditer et nous leur fournissons toutes les informations qui sont demandées. Ensuite, il leur appartient de revenir vers nous s'il y a des compléments d'information ou bien, si nous voulons avoir un débat contradictoire. Mais, en l'occurrence, ce n'est pas ce qui s'est passé.

Pedro Selgi, directeur régional de la SARA en Guadeloupe

Pour le directeur de la SARA en Guadeloupe, l'objectif premier de la société est d'assurer la sécurité énergétique des territoires.

Nous sommes à disposition de toutes les personnes qui veulent avoir une discussion constructive autour du prix. Mais nous faisons quand même remarquer que le prix des carburants aux Antilles, en tout cas, est le seul qui peut être comparé, en termes de produit de grande consommation à celui de l'Hexagone.

Pedro Selgi

ILS ONT DIT/

Il y a 15 ans, l’ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel avait déjà pointé du doigt le fait que la raffinerie échappe aux contrôles de l’Etat. Le sénateur dresse le même constat aujourd’hui.

À l’époque, moi, ministre, j’ai reculé sur l’affaire, parce que mes amis élus martiniquais (j’ai compris ça à l’époque) m’ont dit qu’on ne peut pas sacrifier la raffinerie (...).

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, au sujet de la SARA ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Pédro Selgi, directeur régional de la SARA Guadeloupe, était l’invité de Christelle Théophile, dans le journal télévisé "Guadeloupe Soir" du mardi 10 septembre 2024.
Contrairement à ce qu’en dit le sénateur Lurel, il affirme que la SARA est l’entreprise "la plus contrôlée des Antilles-Guyane".

Nous sommes très consternés et sidérés par le rapport. Parce qu’il émet des suppositions, des propositions qui vont à l’encontre de la logique. Ce que nous avons constaté également, c’est qu’il n’y a pas d’annexe, il n’y a pas de méthode de calcul, il n’y a pas d’explication dans ce rapport (...).

Pédro Selgi, directeur régional de la SARA Guadeloupe

Pédro Selgi, directeur régional de la SARA Guadeloupe ©Guadeloupe La 1ère