Le 21 mars, comme chaque année depuis 2012, était la Journée mondiale de la Trisomie 21, aussi appelée Syndrome de Down. Cet évènement est une initiative des Nations Unies.
La Trisomie se manifeste sous différentes formes ; ce handicap peut être la cause d’une déficience intellectuelle légère à modérée, de troubles de la croissance, ou encore d’un manque de tonicité musculaire, par exemple.
Quoiqu’il en soit, il est bon de rappeler que les personnes concernées ne se résument pas à cette anomalie génétique ; il s’agit de sensibiliser le grand public à leurs maux, mais aussi de promouvoir leur inclusion sociale et professionnelle.
Au sein d’un restaurant de Basse-Terre, les gérants ont bien compris que "handicap" peut rimer avec "valeurs" et "compétences". C’est ainsi qu’ils accueillent en stage, au sein de leur établissement, Sabine Tourraine qui, à 31 ans, s’occupe principalement du service.
Une employée de restaurant investie
En nous rendant sur place, nous avons découvert une jeune femme motivée et investie. Elle assume ses sandales dépareillées, non pas pour être tendance, mais pour célébrer la différence. Ses lunettes rectangulaires noires, quant à elles, lui donnent un air plutôt sérieux.
Dans la salle du restaurant, d’une table à l’autre, de la machine à café à la caisse, on voit bien que Sabine a déjà pris ses marques et pour cause : elle travaille sur place régulièrement, sur des périodes de 2 à 4 semaines. Elle y est désormais polyvalente.
Malgré des difficultés de prononciations, elle s’exprime , tant auprès des clients que de ses collègues.
L’équipe est très satisfaite de son travail. La patronne lui fixe, chaque jour, de petits défis à relever.
Ce qu’on attend d’elle, c’est un peu plus de relationnel avec les clients. C’est la barrière de la timidité qui l’empêche, mais on fait tout pour que ça aille bien. Les clients aussi comprennent qu’on ne peut pas refuser ce type de stage.
Gislaine Moranval, directrice d’exploitation du restaurant "L’Habitation Desmarets"
Ainsi, les employeurs jouent le jeu. Les clients aussi.
Mais, avant d’en arriver là, ce fut un long travail d’équipe.
Maintenant, ça va tout seul, puisque Sabine peut dire directement ce qu’elle désire au restaurateur. L’appréhension, ça peut être au niveau du langage, au début, parce qu’elle parle par mots-clés parfois. Donc il faut saisir le mot-clé, pour comprendre le sens de la phrase.
Yasmina Pierrot, l’éducatrice référente de Sabine.
Une jeune femme amoureuse
Mais il n'y a pas que le travail dans la vie de Sabine Tourraine. Elle nous a confirmé avoir un amoureux depuis 4 ans, avec qui elle échange beaucoup et à qui elle aime raconter ses journées de stage. D’ailleurs, lui aussi effectue des stages en entreprise, dans le secteur des espaces verts.
Mais tous deux ne se voient pas aussi souvent qu’ils le voudraient.
Parler de cette sphère-là – la vie affective, amoureuse et sexuelle – c’est important, selon l’ancienne référente de Sabine, devenue chef de service au Centre d’activité de jour et d’initiation au travail et aux loisirs (CAJITL), où réside Sabine le jour :
On s’épanouit dans le travail, mais on a aussi une vie sociale, une vie affective et sexuelle. Eux aussi, ils aspirent à ça et c’est un droit. Donc, aujourd’hui, il nous appartient de cheminer par rapport à ça et de faire évoluer le regard, les mentalités. C’est un cheminement, mais ça va bouger !
Sophie Cheikhboudou, ancienne référente de Sabine, chef de service au CAJITL
Un cheminement qui doit se faire avec les familles, pour que leurs enfants s’épanouissent dans leur vie d’adulte. Sabine, d’ores et déjà, fait la fierté de ses parents, installés à Vieux-Habitants.