Quels sont les acteurs de l’énergie électrique, en Guadeloupe ? Comment ceux-ci se partagent les tâches ? Nous avons posé ces questions à l’ingénieur Jérôme Bevert, chargé de mission "énergie" à l’Observatoire régional de l’énergie et du Climat (OREC).
Il faut d’abord savoir qu'"EDF Archipel Guadeloupe" est le nom commercial local du groupe EDF-SEI (Electricité de France – Systèmes énergétiques insulaires), qui n’opère que sur les zones non interconnectées. Comme son nom l’indique, cette direction territoriale de l’entreprise assure le service public de distribution d’électricité, dans les zones insulaires isolées.
EDF-SEI assure la gestion de toute la chaîne de l’électricité, sur ces territoires isolés, à savoir la production, l’achat, la distribution et la vente.
EDF gère le réseau. Il assure l’équilibre entre la demande et l’offre.
Jérôme Bevert, chargé de mission "énergie" à l’OREC
La demande correspond à ce que la population consomme, dans les foyers (éclairage, appareils électroménagers, climatisation...), les entreprises (appareils de bureautique, chambres froides, équipements divers...) et sur la voie publique (lampadaires, signalisation...).
L’offre émane des producteurs d’électricité, auxquels EDF-SEI rachète l’énergie, pour la distribuer.
L’énergie verte en plein essor
La Guadeloupe compte huit producteurs d’électricité, à ce jour.
Une production pétrolière est assurée à Jarry, par la Centrale d’EDF PEI, où sévit la grève actuelle. A Moule, le charbon est utilisé comme combustible.
Le reste, c’est de l’énergie renouvelable : 11% de photovoltaïque, 12% d’éolien, une part moindre de biogaz (combustion de déchets), l’énergie hydraulique et la géothermie. La Guadeloupe est d’ailleurs le seul département de France où la géothermie est ainsi mise à profit.
Par ailleurs, la Guadeloupe fait figure de bonne élève, puisque près de la moitié de son électricité est verte.
On a vraiment un mix électrique très divers. En 2021, on a produit un mix électrique composé à près de 34% d’énergies renouvelables et, au 1er semestre 2022, on en a eu près de 40%. Ça veut dire que, sur une journée, il y a environ 10 heures d’électricité fournie des énergies renouvelables. C’est vraiment une fierté, puisque c’est quelque-chose qui évolue tous les ans.
Jérôme Bevert, chargé de mission "énergie" à l’OREC
Les jours de beau temps, le solaire tourne à plein régime et par temps ventilé, l’éolien est bien pourvu. Si bien qu’en plein jour, c’est surtout l’électricité verte (donc décarbonée) qui est sollicitée, dans l’archipel.
Le citoyen peut donc profiter de ces moments pour consommer, en faisant tourner la machine à laver le linge, recharger son véhicule électrique, faire une cuisson longue, etc.
Là où une problématique intervient, c’est à la nuit tombée. D’où les délestages.
Jérôme Bevert, chargé de mission "énergie" à l’OREC
Pourquoi des délestages ?
En début de soirée, les énergies fossiles prennent donc le relai. C’est là que l’arrêt de la centrale de la Pointe Jarry pèse le plus dans la balance.
Le délestage intervient quand l’équilibre, entre l’offre et la demande ne peut plus être assuré. A midi, il n’y a pas de délestage. Pourquoi ? Parce que la consommation est moins importante que ce que l’on peut produire. Mais vers 18h00, nous, citoyens, on a fini le travail, on rentre chez nous et il n’y a plus de lumière naturelle.
Jérôme Bevert, chargé de mission "énergie" à l’OREC
Le fait est qu’au bureau, l’électricité profite à plusieurs salariés et usagers tandis que, chacun chez soi, on use davantage de l’éclairage, de la climatisation et des appareils électroménagers, individuellement. La demande explose.
D’où les recommandations émises par EDF Archipel Guadeloupe, à chaque période de coupures, à l’attention de ceux qui ont du courant : limiter l’utilisation de la climatisation et de tout autre équipement électrique, débrancher les appareils électriques non utilisés (même en veille vos équipements consomment).
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A noter enfin que les zones identifiées comme étant stratégiques, en Guadeloupe, comme celles où il y a des hôpitaux, sont rarement concernées par les délestages, sauf en dernier recours.