Les élèves de Guadeloupe, Martinique et La Réunion sont plus mal lotis que ceux de l'Hexagone, selon un rapport de la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale. Les raisons sont d'ordres sociaux, des infrastructures, pédagogiques, voire comptables. Les conséquences sont dramatiques.
Des membres de la Délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale, dont ont récemment produit un rapport d'information, sur "l'enseignement dans les Outre-mer dans les territoires en dépression démographique".
Ce document a été enregistré le 1er juin dernier.
Un tour d'horizon global
Ce rapport fait suite à une précédente étude, menée par la Cour des comptes, qui n’avait pas ciblé les raisons pour lesquels l’Ecole était en bien plus mauvaise posture, chez nous, que dans l’Hexagone. La responsabilité avait surtout été attribuée aux enseignants, à l'époque.
Cette fois, les députés, dont le guadeloupéen Max Mathiasin (3ème circonscription), David Lorion (3ème circonscription de la Réunion), Danièle Obono (17ᵉ circonscription de Paris) et Cécile Rilhac (3e circonscription du Val-d'Oise) ont fait, eux, le tour de la question, en interrogeant tous les acteurs concernés, pour une vision globale des aspects pédagogiques, matériels, sociétaux, socio-économiques, culturels, infrastructurels, etc.
L'objectif était de définir les causes des problèmes scolaires et les solutions à mettre en œuvre pour les régler.
Ce rapport propose, donc, des solutions, via 56 recommandations, pour améliorer les conditions d'apprentissage des élèves.
Mais, accablant, il dresse un état des lieux sans concession de l’Ecole et des conséquences sur l’éducation, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, où les parlementaires ont concentré leur examen.
Il fait notamment état de conditions d'enseignements défavorables, d'un taux de décrochage scolaire supérieur à la moyenne nationale, d'une logique comptable inadaptée, sous nos latitudes.
Les manquements
La liste des manquements, au sein des établissements de Guadeloupe, de Martinique et de la Réunion est longue.
Le rapport de l'Assemblée nationale évoque, par exemple, les bâtiments vétustes avec à peine 35% des écoles et collèges et 19% des lycées aux normes parasismiques, le réseau de transports inadapté, la restauration scolaire de mauvaise qualité, 20% des jours de classes perdus pour diverses causes (grève, coupures d’eau, échouements d'algues sargasses, opérations de dératisation, évènements climatiques, etc.), ou encore les 33 postes d'enseignants supprimés, dans le premier degré et 297, dans le second, entre 2013 et 2020.
Même si les résultats au Baccalauréat sont équivalents à ceux de l’Hexagone, c’est l’arbre qui cache la forêt.
En effet, les sorties précoces du système scolaire, avant le BAC, sont deux fois plus importantes en Outre-mer qu’au niveau national.
Autre problème soulevé : le taux d’illettrisme est trois fois plus élevé chez nous qu’outre-Atlantique, soit 30% des 16/26 ans concernés chez nous, contre 11,8% au national, selon les données datant de 2019.
Quant aux équipements numériques des établissements, ils sont, selon le rapport, insuffisants.
Des réponses possibles
Face à ses particularités, au lieu de décliner les mesures nationales, les députés formulent 56 recommandations propres à nos territoires.
Le renforcement de l’enseignement des langues régionales est, par exemple, préconisé ; elles sont vues comme un rempart contre l'illettrisme.
Il faut aussi, selon eux, des effectifs réduits, au sein de chaque classe.
L’accélération de la mise aux normes parasismiques fait partie des priorités, selon les Députés, de même que l'accès à l’eau et au savon ; idem pour la climatisation des salles de cours.
Les parlementaires prônent, par ailleurs, le développement de la formation continue des enseignants et une offre de formation en rapport avec les besoins des entreprises locales.